Aucune mesure de rétention immédiate à l’encontre du chef du Polisario, entendu par le juge espagnol Pedraz

Dans un climat de crise majeure entre Rabat et Madrid suite à l’accueil par l’Espagne du criminel de guerre, Brahim Ghali, sous une fausse identité, le juge Santiago Pedraz a entendu par visioconférence, ce mardi matin, le chef des milices séparatistes du Polisario visé par deux plaintes pour « tortures » et « génocide », mais n’a pris aucune mesure conservatoire à l’encontre de l’accusé.

Hospitalisé depuis le mois d’avril à Logroño pour Covid-19, Brahim Ghali, qui a été interrogé en visioconférence depuis l’hôpital de cette ville du nord de l’Espagne par le juge Santiago Pedraz du haut tribunal madrilène de l’Audience nationale), a nié tout en bloc les accusations de « crimes de guerre ».

A l’issue de son audition, fermée au public, a duré 1H30 et s’est achevée peu avant 12H00 (10H00 GMT), le juge espagnol n’a adopté aucune mesure coercitive contre Brahim Ghali, comme la confiscation de ses papiers ou sa détention provisoire.

Réclamées par les plaignants, ces mesures ont été « rejetées » par le juge.

Selon des sources judiciaires, cette décision pourrait toutefois permettre au chef de Polisario de quitter l’Espagne s’il le souhaitait.

A l’origine de cette comparution, deux plaintes, l’une pour « arrestation illégale, tortures et crimes contre l’humanité » déposée en 2020 par Fadel Breika, dissident du Front Polisario naturalisé espagnol, qui affirme avoir été victime de « tortures » dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie.

La seconde plainte date de 2007. Elle a été déposée en 2007 par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (ASADEDH), basée en Espagne, pour « génocide », « assassinat », « terrorisme », « tortures » ou « disparitions », commis là encore dans les camps de Tindouf.

Pour Fadel Breica, enlevé et torturé par le Polisario entre le 18 juin et le 10 novembre 2019, « la comparution aujourd’hui devant la justice de ce criminel de guerre qui a torturé et assassiné des centaines de personnes est une victoire pour ses victimes qui réclament que justice soit rendue ».

« Le fait que le dénommé Brahim Ghali, responsable de graves crimes pendant 50 ans, soit sur le banc des accusés constitue un pas en avant vers le rétablissement de la justice », a-t-il déclaré à la MAP.

Quant à Dahi Aguai, ancien détenu du Polisario, « la comparution du chef des milices du Polisario pour la première fois devant la justice espagnole est une bonne nouvelle pour les victimes de ce tortionnaire. Elle est le résultat de plusieurs années d’efforts acharnés pour rendre justice aux victimes et jeter lumière sur les graves crimes commis par ce repris de justice ».

Victime de menaces de mort proférées par le Polisario,  Pedro Ignacio Altamirano estime pour sa part que « cette affaire doit ouvrir la voie au jugement des autres criminels de la direction du Polisario qui sont les responsables des crimes commis contre les dissidents, mais aussi contre la population installée dans les camps de Tindouf dans des conditions infrahumaines ».

Le chef du Polisario est arrivé en Espagne dans le plus grand secret le 18 avril, à bord d’un avion médicalisé de la présidence algérienne et muni d’un vrai-faux passeport diplomatique et a été admis à l’hôpital de Logroño sous la fausse identité de Mohamed Benbattouche.

Rabat réclame une enquête « transparente » sur les conditions de son arrivée en Espagne et l’accuse d’avoir voyagé « avec un passeport falsifié ».

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