Algérie: une figure du « Hirak » condamnée à 18 mois de prison ferme

Brahim Laalami, une figure du mouvement populaire antirégime « Hirak » en Algérie, a été condamné jeudi à 18 mois de prison ferme par le tribunal de Bordj Bou Arreridj, au sud-est d’Alger, selon des sources concordantes

En détention provisoire depuis le 3 juin après son arrestation la veille, Brahim Laalami était entre autres poursuivi pour « outrage à corps constitué » et « outrage à fonctionnaire », selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Il s’agit d’une « lourde condamnation de 18 mois de prison ferme et d’un million de dinars (près de 6.750 euros) d’amende », a indiqué sur sa page Facebook l’association de soutien aux détenus.

« On s’attendait à ce qu’il soit relâché, (…) c’est incompréhensible et cela ne va pas dans le sens de l’apaisement et de l’amorce d’une solution politique », a déclaré à l’AFP le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), Saïd Salhi.

« C’est inquiétant », a-t-il ajouté.

M. Salhi dénonce le « montant de l’amende trop lourde pour un jeune ». Le juge a additionné les amendes de l’ensemble des affaires pour lesquelles M. Laalami était poursuivi dans ce procès.

Brahim Laalami avait déjà été emprisonné le 21 novembre 2019 –puis relaxé le 16 avril– pour « incitation à attroupement non armé » alors qu’il avait appelé plusieurs fois à manifester.

Ce jeune tailleur était notamment sorti seul à Bordj Bou Arreridj en février 2019 avec une grande pancarte contre la candidature à un 5e mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.

Neuf jours après éclatait le « Hirak », un soulèvement populaire pacifique sans précédent en Algérie qui a entraîné la démission de M. Bouteflika il y a un an.

Brahim Laalami a été jugé sur la base d’un nouveau code pénal adopté en avril et dénoncé par les militants des droits humains, craignant une ingérence de l’Etat dans le droit à la liberté d’expression.

La pandémie de Covid-19 n’empêche pas les autorités algériennes de poursuivre et de condamner militants du « Hirak », opposants politiques, journalistes et internautes.

Tout rassemblement public est strictement interdit depuis mi-mars en raison de l’épidémie.

Au 22 juillet, l’Algérie avait recensé officiellement 24.872 cas de contamination dont 1.111 morts.

Selon un décompte du CNLD, près de 60 détenus d’opinion sont actuellement derrière les barreaux, la plupart pour des publications sur Facebook.

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