Le correspondant de « Liberté » à Tamanrasset Rabah Karèche a été placé sous mandat de dépôt après la parution d’une série d’articles dans son journal et dans lesquels il rendait compte de la situation de la région, marquée par un mouvement de protestation citoyen contre un nouveau découpage administratif adopté au niveau central.
D’après le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), le journaliste est poursuivi notamment pour « création d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société ».
Selon ses avocats, cités par les médias locaux, il n’y a rien dans le dossier qui puisse justifier les accusations retenues contre lui. Pour eux, Karèche est emprisonné pour ses activités en lien avec son métier de journaliste.
Dans des déclarations à la presse à l’issue de cette audience, reportée au 12 août, Me Mostefa Bouchachi a expliqué que dans ses articles incriminés, « il n’y a pas d’incitation à la haine et à la discrimination ni atteinte à l’unité nationale. Il n’y a pas non plus de fausses informations ».
Il a précisé qu’au contraire, il a rapporté fidèlement et avec professionnalisme les faits qui s’étaient déroulés et consistant en une protestation des citoyens de certaines communes de Tamanrasset contre le découpage administratif du 29 mars.
« Il n’y a rien d’autre dans le dossier que les trois articles, il est donc poursuivi en en sa qualité de journaliste », a-t-il fait remarquer.
Pour sa part, Me Zoubida Assoul a fait observer que ces articles ne contiennent que des faits.
Elle a précisé que « Rabah Karèche n’a exprimé aucun avis personnel, il n’a fait que rapporter un fait qui s’est déroulé à Tamanrasset ».
« Au lieu d’être emprisonné, le journaliste devrait au contraire être remercié pour ce qu’il a accompli », juge-t-elle.
De son côté, l’avocat Abdelghani Badi a mis l’accent sur la banalisation de l’emprisonnement des journalistes qui, selon lui, ne sert pas les intérêts du pays.
« Au moins une dizaine de journalistes ont été privés de leurs droits. C’est un revers pour la situation du journaliste en Algérie », a-t-il regretté.
Selon lui, ces dépassements et ces tentatives de faire taire les journalistes constituent une véritable atteinte à la réputation du pays.
« Les autorités croient servir leurs intérêts étroits en emprisonnant les journalistes, mais en réalité elles portent préjudice à l’image du pays », a estimé Me Badi.