Interrogé sur la radio Europe 1 sur l’attitude des Français à l’égard de son pays, trois mois la chute du président Zine El Abidine Ben Ali à la suite d’une révolution, il a répondu: "je les trouve un petit peu frileux".
M. Ben Achour a estimé que les promesses faites par les ministres français qui se sont rendus en Tunisie n’avaient "pas vraiment" été suivies d’effet.
Le président de la "Commission de réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique", doit rencontrer Alain Juppé, en visite en Tunisie mercredi et jeudi. "Je lui dirai qu’il faut accueillir cette Tunisie nouvelle à bras ouvert, pour lui dire merci de rejoindre le club des Nations libres (…) l’intendance doit suivre", a indiqué M. Ben Achour.
Après avoir manqué le train du bouleversement tunisien, point de départ d’un vaste mouvement de contestation dans le monde arabe, la France semble toujours un peu en porte-à-faux à l’égard de son ancien protectorat.
"La France essaie de se rattraper un petit peu après des positions gouvernementales françaises qui ont beaucoup déçu les Tunisiens. J’espère que nous allons tourner cette page et réellement faire du nouveau", a encore estimé M. Ben Achour.
Concernant la proposition faite samedi par Alain Juppé de dialoguer avec les mouvements islamistes appliquant les règles du jeu démocratique, il a indiqué que "l’idée" ne lui paraissait "pas dangereuse".
"C’est la position des Tunisiens, il faut effectivement ouvrir le dialogue avec les partis islamiques qui proclament leur profession de foi démocratique", a déclaré M. Ben Achour, chargé de préparer la loi électorale, en vue de l’élection de l’Assemblée nationale constituante prévue le 24 juillet.
Mais il a mis en garde contre le "double langage" des partis islamiques et contre tout "démocrate stratège qui essaie de prendre le pouvoir par la démocratie pour la tuer".