Affaire Merah: les juges demandent la déclassification des fiches de renseignement

Affaire Merah: les juges demandent la déclassification des fiches de renseignement
Les magistrats instruisant l’affaire Merah ont demandé la déclassification de toutes les notes de renseignement relatives au tueur au scooter, a-t-on indiqué mercredi de source judiciaire, confirmant une information de RTL.

Ces documents doivent permettre aux juges d’intruction de comprendre dans quelle mesure l’assassin de sept personnes à Toulouse et Montauban en mars faisait l’objet d’une surveillance des services de renseignements auxquels il aurait finalement échappé.

Une préoccupation partagée par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui indiquait dans un entretien au Parisien lundi avoir demandé un rapport sur "ce qui a dysfonctionné dans cette affaire".

Les notes de la Direction centrale du renseignement intérieure (DCRI) étant classées "secret défense", il faudra un avis de la Commission consultative du secret de la Défense nationale (CCSDN) pour qu’ils puissent être versés au dossier d’instruction des juges Christophe Teissier, Laurence Le Vert et Nathalie Poux.

Depuis un mois, les trois magistrats antiterroristes ont reçu à Paris les familles des victimes de Mohamed Merah pour les informer de l’avancée de la procédure.

"Les juges nous ont assuré qu’ils n’écarteraient aucune piste", a déclaré à l’AFP Me Patrick Klugman, avocat de la famille de Jonathan Sandler, assassiné avec ses deux enfants à l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse le 19 mars.

"En posant cette question (d’un dysfonctionnement de la DCRI, ndlr), on pose la question d’une levée du secret défense", a indiqué de son côté à l’AFP Me Philippe Soussi, l’un des défenseurs d’Aaron Bijaoui, l’adolescent blessé dans cette attaque. "On ne peut le savoir que si le secret défense est levé, c’est-à-dire si les documents sont déclassifiés."

– Questions sur la surveillance de Merah –

Les trois magistrats parisiens cherchent aussi à récupérer l’intégralité des conversations entre le "tueur au scooter" et les négociateurs policiers lors du long siège du Raid de son appartement toulousain qui devait se clore par l’assaut et la mort de Merah le 22 mars.

Le procureur de Paris, François Molins, avait aussitôt assuré que tous ces échanges seraient versés à la procédure.

Ces documents, qui ne relèvent pas du secret défense, sont encore en cours d’expertise. Ils pourraient éclairer les relations entre le tueur au scooter et la DCRI.

Mohamed Merah s’était rendu en 2010 et 2011 en Afghanistan et au Pakistan, notamment au Waziristan où, selon un ouvrage à paraître ("Affaire Merah, l’enquête", Ed. Michel Lafon), des services de renseignement occidentaux ont établi un lien entre Merah "et une organisation proche d’Al-Qaïda".

Le tueur au scooter avait été entendu en novembre 2011 par un agent de la DCRI de Toulouse à la suite de ces voyages, mais le patron des services de renseignement de l’époque, Bernard Squarcini, avait démenti fin mars qu’il ait été un "indic" de son service. Ce que l’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant a également "totalement exclu" mercredi: "Ce n’est pas parce qu’il a été vu par les services qu’il était indicateur".

Alors que M. Valls a annoncé une enquête sur d’éventuels dysfonctionnements, le sénateur-maire PS de Dijon, François Rebsamen, le "Monsieur Sécurité" de la campagne présidentielle de François Hollande, a aussi estimé mercredi qu’il allait falloir "voir ce qui s’est passé concrètement".

Selon Claude Guéant, "il n’y a rien à cacher de toute façon". Il a toutefois mis en garde contre une enquête qui aurait "des visées d’instrumentalisation politicienne".

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