Affaire Benalla: le gouvernement face à deux motions de censure

Le gouvernement fait face mardi à deux motions de censure à l’Assemblée, la droite et la gauche se montrant également déterminées, à la veille de la pause estivale, à empêcher l’exécutif de tourner la page de l’affaire Benalla.

Après dix jours de crise autour de l’ex-conseiller d’Emmanuel Macron, et à la veille de la pause estivale des députés, Christian Jacob (LR) et André Chassaigne (PCF) prennent la parole à partir de 15H00 pour défendre les premières motions depuis l’accession d’Emmanuel Macron à l’Elysée.

"L’essentiel ce n’est pas l’affaire en elle-même", mais "de se poser la question de savoir pourquoi la pratique du pouvoir par le président de la République encourage ou permet l’impunité de personnes comme M. Benalla", a plaidé M. Chassaigne avant la discussion.

Alexandre Benalla, mis en examen après des violences contre des manifestants le 1er mai à Paris, revendique dans les médias "une réaction de citoyen" contre des manifestants qu’il qualifie de "casseurs", alors qu’une nouvelle enquête vient d’être ouverte pour d’autres violences le même jour.

Le Premier ministre Edouard Philippe donnera la réplique aux oppositions. Son entourage indique qu’il "répondra factuellement et calmement. Il ne devrait pas dévier de la ligne adoptée il y a une semaine: l’affaire est le résultat d’"une dérive individuelle", et non pas "une affaire d’Etat."

Matignon promet aussi "un discours offensif" du chef du gouvernement, qui veut saisir "l’occasion de souligner la vacuité de certaines polémiques."

L’affaire a provoqué le report de l’examen de la révision constitutionnelle, et pour l’ancien ministre PS Stéphane Le Foll, "la vraie question qui est posée aujourd’hui, à tous ceux qui se sont engagés dans des motions de censure, ça sera d’être suffisamment fort et cohérent pour ne pas accepter la prochaine réforme constitutionnelle."

Aucun suspense sur les scrutin

Dans l’immédiat, les oppositions entendent dénoncer la pratique du pouvoir d’Emmanuel Macron, ce que Christian Jacob, chef de file des députés LR, qualifie de "dérive monarchique" du président.

A gauche, socialistes, communistes et Insoumis ont surmonté leurs divisions pour rassembler les 58 signatures nécessaires à leur motion, seul "moyen" selon eux d’obtenir des explications, face notamment à une "obstruction" de la majorité dans la commission d’enquête de l’Assemblée – la commission a implosé avant la fin de ses travaux.

La motion ne va pas "tout régler" mais peut "au moins rétablir l’ordre républicain", selon Jean-Luc Mélenchon, qui avait été le premier à la proposer. Olivier Faure y voit "une alerte" pour le gouvernement.

Les Insoumis voteront la motion de la droite. Les socialistes n’y joindront pas leurs voix, pour ne pas "donner le sentiment que nous pourrions (…) faire ensemble front commun contre le gouvernement, pour le remplacer ensemble".

Le groupe LR paraît orienté de la même façon. "Bien sûr qu’il y a sur le texte des points de convergence, mais je crois que les Français ne comprendraient pas cela", a expliqué mardi matin le député LR Damien Abad: "Notre oppositon de droite ne porte pas les mêmes valeurs que l’opposition de gauche."

Le Rassemblement National de Marine Le Pen votera les deux motions.

Aucun suspense sur les scrutins: ni LR avec 103 députés, ni la gauche avec 63, ne peuvent, même en votant tous les uns pour les autres, rassembler la majorité requise de 289 voix qui ferait chuter le gouvernement.

De son côté, la majorité LREM-MoDem dénonce une "instrumentalisation politique" de l’affaire Benalla. Avec ces motions, "nous fermerons cette +affaire+", veut croire le président de l’Assemblée François de Rugy (LREM).

Mardi matin, Christophe Castaner, délégué général de La République en marche, a annoncé devant la commission d’enquête du Sénat qu’une procédure de licenciement avait été engagée par le parti contre son employé Vincent Crase, présent aux côtés de M. Benalla lors de la Fête du travail, et mis en examen comme lui. La commission sénatoriale n’exclut plus d’auditionner M. Benalla lui-même.

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