USA: nouvelle nuit d’émeutes à Ferguson malgré un appel au calme d’Obama
En dépit d’un appel au calme du président Barack Obama, la ville de Ferguson (Missouri), a connu une nouvelle nuit d’émeutes à caractère racial qui s’est soldée par deux blessés par balle et 31 arrestations, a annoncé la police mardi.
Les victimes ont été blessées par des tirs provenant des manifestants, a précisé devant la presse Ron Johnson, responsable du maintien de l’ordre. Il a assuré que la police — appelée par M. Obama à la "retenue" — n’avait pas ouvert le feu et n’avait fait usage de gaz lacrymogène qu’en dernier recours.
Quatre policiers ont été blessés par des jets de projectiles et certains des quelque 200 manifestants qui lançaient des pierres et des cocktails molotov sur les forces de l’ordre venaient de New York et de Californie, a ajouté le capitaine Johnson.
Les agents en tenue antiémeute, soutenus par un véhicule blindé et un hélicoptère, avaient dû tirer des grenades de gaz lacrymogène peu après 23H00 (04H00 GMT mardi) pour obtenir la dispersion de la foule.
Plus tôt, des militaires de la Garde nationale avaient été déployés pour épauler la police locale, mais ils sont restés discrets.
Aucun couvre-feu n’a été mis en place lundi, contrairement à samedi et dimanche, a expliqué le gouverneur Jay Nixon, soulignant la mission "limitée" des militaires, censés monter la garde autour du quartier général de la police.
Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, a dit lors d’une conférence de presse avoir recommandé au gouverneur une utilisation "limitée" de la Garde nationale et a estimé que rien n’excusait "l’utilisation de la force excessive par la police locale".
"Je m’assurerai dans les jours qui viennent qu’elle aide, plutôt qu’elle n’aggrave la situation", a prévenu M. Obama au sujet de la Garde nationale, ajoutant que le ministre de la Justice, Eric Holder, se rendrait sur place mercredi.
En fin de journée, un journaliste de l’AFP a vu environ 200 agents de la Garde nationale arriver et s’équiper au QG. Des tireurs d’élite étaient postés sur les toits des commerces alentour.
La mort de Michael Brown, en plein jour le 9 août dans un quartier résidentiel alors qu’il n’était pas armé, a entraîné des émeutes dans cette ville de 21.000 habitants.
– Au moins six balles –
Au moins "six balles ont atteint" le jeune Noir, dont deux à la tête, a déclaré le médecin légiste mandaté par la famille qui n’a relevé "aucune trace" de lutte.
Pas moins de trois autopsies ont été demandées — par les autorités locales, la famille et le ministre de la Justice — pour tenter de faire la lumière sur les circonstances de la mort du jeune homme.
Car les versions de la police et de plusieurs témoins divergent. Pour les uns, Michael Brown aurait tenté de se saisir de l’arme du policier qui l’a abattu. Pour plusieurs témoins, dont l’ami de Michael Brown qui l’accompagnait, il avait les mains en l’air.
Selon le Washington Post, des traces de marijuana ont été relevées dans l’organisme de la victime.
Dans la nuit de dimanche à lundi, Ferguson avait connu sa pire nuit d’émeutes, incitant le gouverneur à mobiliser la Garde nationale.
Dimanche soir, les manifestations avaient dégénéré quelques heures avant le couvre-feu instauré pour la seconde nuit consécutive. Le quartier-général de la police avait en particulier été "la cible d’une attaque coordonnée".
La mort de Michael Brown a pris une dimension nationale et fait la une car elle a ravivé le spectre des émeutes raciales aux Etats-Unis.
Tout en souhaitant rester "prudent" sur le dossier tant que l’enquête était en cours, M. Obama a évoqué les inégalités raciales aux Etats-Unis et les communautés "qui se retrouvent souvent isolées, sans espoir et sans perspectives économiques".
"Dans de nombreuses communautés, les jeunes gens de couleur ont plus de chances de finir en prison ou devant un tribunal que d’accéder à l’université ou d’avoir un bon emploi", a-t-il souligné.
La mère du jeune homme, Leslie McSpadden, a estimé sur ABC que seule la "justice" ramènerait le calme.
Un porte-parole du procureur du comté de Saint-Louis a indiqué aux médias qu’un grand jury, chargé de décider s’il y a lieu de poursuivre le policier, devrait étudier l’affaire dès mercredi.