Trois ans après avoir capturé un territoire aussi grand que l’Italie, ce groupe ultraradical responsable d’atrocités en Syrie et en Irak et d’attentats en Occident a vu son "califat" se réduire comme peau de chagrin, après les multiples offensives.
Dernier revers de taille en date: Raqa, son ancienne "capitale" de facto en Syrie, est tombée mardi aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par les Etats-Unis.
Acculés, les jihadistes subissant défaite après défaite vont se replier vers les territoires à la frontière entre la Syrie et l’Irak: autour de la localité de Boukamal dans la province syrienne de Deir Ezzor, et autour de la ville irakienne d’Al-Qaïm dans la province d’Al-Anbar.
"A son apogée en 2014, le califat auto-proclamé de l’EI menaçait d’exercer son contrôle d’Alep jusqu’à la frontière irakienne", explique à l’AFP Nicholas Heras, expert du Center for a New American Security à Washington.
"Il est désormais confiné à un secteur dans la province de Deir Ezzor", dans l’est de la Syrie, précise-t-il.
D’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), l’EI a perdu en deux mois la moitié de la grande province pétrolière de Deir Ezzor frontalière de l’Irak, visée par deux offensives distinctes: celle des forces du régime syrien, soutenues par l’aviation russe, et celle des FDS.
Les jihadistes ne contrôlent plus que 8% de Deir Ezzor, la capitale de la province du même nom, alors que dans le passé il en occupait plus de la moitié.
Deir Ezzor "sera le centre de gravité de l’EI en Syrie, même s’il y aura toujours de petites poches sous son contrôle ailleurs" dans le pays, ajoute M. Heras.
Selon lui, les jihadistes ont toujours voulu faire de cette région frontalière "le dernier bastion de leur califat". Ce secteur "est éloigné de Damas et de Bagdad, et pour l’atteindre de n’importe quelle direction, il faut traverser un désert difficile".
"Les gouvernements irakien et syrien vont oeuvrer à récupérer toute la frontière", estime pour sa part Aymenn Jawad al-Tamimi, spécialiste des mouvements jihadistes. "Négliger ce secteur poreux ne fera qu’aider l’EI à l’avenir".
Mais malgré les défaites essuyées ces derniers mois, la force de nuisance des jihadistes reste bien réelle.
"La terrible vérité, c’est que l’EI sera tout aussi meurtrier comme réseau d’insurrection terroriste que lorsqu’il était un quasi-Etat", avertit M. Heras. "En Syrie et en Irak, l’EI a pour stratégie de mener une insurrection brutale contre n’importe quelle force qui va conquérir son califat en utilisant de jeunes combattants endoctrinés, issus de la population locale". (avec afp)