"Ce que vit actuellement Emmanuel Macron en tant que président de la République, il a eu à le vivre en tant que conseiller économique du président Hollande il y a cinq ans", relève Gaspard Gantzer, qui fut lui-même le "communicant" de l’ex-président socialiste.
"Il était son principal collaborateur sur tous les sujets économiques, chargé, avec d’autres, de la préparation des sommets européens mais aussi du G8 ou du G20, ce qui lui a permis de nouer des relations avec la chancelière allemande Angela Merkel et ses conseillers et de croiser Vladimir Poutine", se souvient M. Gantzer.
"Emmanuel Macron était omniprésent et omnipotent sur les questions financières et économiques", abonde un autre ancien membre de l’entourage du président sortant.
Depuis, le jeune conseiller et secrétaire général adjoint de la présidence a connu une ascension fulgurante, ministre de l’Economie pendant deux ans, jusqu’à l’été 2016, avant de conquérir l’Elysée et de succéder à son mentor François Hollande.
A Berlin, où il effectuait son premier déplacement présidentiel à l’étranger au lendemain même de son investiture, M. Macron a été reçu à bras ouverts par la chancelière, visiblement ravie de sa victoire contre Marine Le Pen, la présidente du Front national (extrême droite).
A trois jours du second tour de la présidentielle, il avait engrangé aussi un soutien de poids, celui de l’ex-président américain Barack Obama qui avait dit "admirer" la manière dont il avait conduit sa campagne et adhérer à ses "valeurs progressistes".
Celui qui prône "une France forte dans une Europe qui protège" n’ignore rien de la mécanique des sommets européens et internationaux et s’exprime dans un anglais fluide.
Européen convaincu, il entend "refonder" l’UE, en redynamisant le couple franco-allemand et en instaurant une meilleure gouvernance de la zone euro.
Mais dans l’arène internationale, Emmanuel Macron devra désormais affronter ses pairs qui ne manqueront pas de le tester.
Les échanges lors de son déjeuner avec Donald Trump promettent ainsi d’être "très directs", selon les mots mêmes de l’entourage du président français qui tentera de convaincre son homologue américain de ne pas tourner le dos à l’accord de Paris sur le climat.
En marge du sommet de l’Otan, Emmanuel Macron aura d’autres entrevues avec les dirigeants belge Charles Michel, turc Recep Tayyip Erdogan et polonais Andrzej Duda.
Avec l’homme fort d’Ankara, il devrait évoquer le sort de Mathias Depardon, un photojournaliste français arrêté en Turquie il y a près de deux semaines et qui est en grève de la faim depuis dimanche pour protester contre sa détention, selon Reporters sans Frontières.
M. Macron s’entretiendra aussi avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, d’égal à égal cette fois, pour évoquer les questions qui domineront le prochain sommet européen des 22 et 23 juin, qu’il s’agisse de la directive sur les travailleurs détachés, des investissements ou de la lutte contre le dumping social.
Dans la foulée, Emmanuel Macron s’envolera vendredi pour le G7 de Taormina (Italie). Puis il recevra lundi le président russe Vladimir Poutine dans le cadre très royal de Versailles, près de Paris, un autre test majeur, avant le G20 de Hambourg (Allemagne) début juillet.
Au Mali, où il effectuait le 19 mai, moins d’une semaine après son entrée à l’Elysée, son premier déplacement sur un théâtre d’opérations extérieur, M. Macron a eu à coeur aussi d’endosser sans tarder son costume de chef des armées, assurant son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta de la "détermination" militaire de la France.
Autre symbole de cette posture néo-gaullienne, le ministère de la Défense a été rebaptisé ministère des Armées dans le premier gouvernement de son quinquennat.
Avec AFP