Le partenariat vertical Afrique-Méditerranée-Europe, une nécessité pour faire face aux multiples défis communs (Chakib Benmoussa)
‘’Ce partenariat constitue un enjeu pour nos pays et doit nous inciter à trouver une dynamique pour un partenariat rénové dans sa vision, dans son pilotage, dans ses engagements et moyens et dans la mobilisation et la cohérence des acteurs’’, a dit l’ambassadeur du Maroc, lors d’une réception en l’honneur des participants à une rencontre internationale sur l’Afrique organisée jeudi à Paris.
La rencontre initiée par le centre d’études et de prospective stratégique (CEPS-OING), en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et le Centre africain d’Etudes Internationales, Diplomatiques, Economiques et Stratégiques (CEIDES), s’est articulée autour de la thématique ‘’Afrique : quelles priorités et quels moyens pour construire une dynamique économique, sociale, durable, responsable et partagée ? ».
Elle a réuni une trentaine d’intervenants de haut niveau, issus de 17 nations différentes, dont 11 de différents pays africains (Maroc, Algérie, Tunisie, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Mali, Sénégal, Ile Maurice), ainsi que des experts du monde économique, politique, culturel et diplomatique d’Europe et d’Afrique.
Dans son intervention, M. Benmoussa a affirmé que ‘’la transformation structurelle de l’Afrique passe par une gouvernance nouvelle qui doit s’appuyer sur des politiques nationales efficaces, lesquelles trouvent leur prolongement dans une coordination sous-régionale concertée, qui doit elle-même s’inscrire dans le cadre d’une perspective continentale et d’un partenariat international’’, ajoutant qu’il convient de profiter des négociations des accords post-cotonou, des discussions sur la PEV (Politique Européenne de Voisinage), du Sommet des deux rives de la Méditerranée Occidentale annoncé pour juin 2019 à Marseille… ‘’Pour lancer un projet ambitieux et mobilisateur qui s’inscrit dans une stratégie de long terme et qui favorise une meilleure gouvernance et articulation des instruments de coopération et de partenariat’’.
L’ambassadeur marocain n’a pas manqué, lors de cette réception, de souligner le grand intérêt de ce genre de conférences internationales qui permettent d’élargir les perspectives et d’enrichir les réflexions et qui contribuent à faire émerger des propositions innovantes pour répondre aux défis multiformes et complexes auxquels le continent africain fait face.
Il a indiqué, dans ce contexte, que le Maroc considère que l’Afrique fait partie de ses racines et de son identité. Le Maroc croit en l’Afrique et en ses capacités et se positionne comme l’un des hubs africains. Il a déployé pour cela une politique africaine très active, a dit M. Benmoussa.
Le Maroc contribue également par son action à faire avancer des questions multilatérales prioritaires pour l’Afrique, notamment sur les sujets de paix et de sécurité, de migration, d’intégration économique du continent, d’adaptation au changement climatique…, a souligné l’Ambassadeur marocain, ajoutant que le Royaume est, par ailleurs, sur le plan bilatéral un acteur d’une coopération Sud-Sud axée sur le partage d’expérience, la création de valeurs et des partenariats gagnant-gagnant. Il est aussi présent dans toutes les régions du continent avec des projets structurants mais aussi des projets de proximité.
Depuis l’an 2000, le Maroc a conclu près d’un millier d’accords avec les pays africain et plus de 78 % de ses IDE sont sur le continent, a-t-il souligné dans ce contexte.
La Rencontre internationale sur l’Afrique axée sur la thématique ‘’Afrique : quelles priorités et quels moyens pour construire une dynamique économique, sociale, durable, responsable et partagée ? », a permis aux participants de mener une réflexion sur l’avenir du continent africain, partant du constat dressé par les organisateurs selon lequel l’Afrique est en voie de gagner un nouveau record, celui de l’extrême pauvreté et de l’envolée démographique.
‘’En l’absence de politiques économiques et industrielles pragmatiques et cohérentes, et de maîtrise des naissances, les migrations humaines s’avèrent, par défaut, les seules non réponses que peuvent et pourront apporter un certain nombre de pays africains. D’où l’urgence de trouver des solutions à ces problématiques’’, selon Loic Tribot La Spiere, délégué général du CEPS-OING.
Dans leurs recommandations, les participants ont été unanimes à souligner que le destin de l’Afrique est entre les mains des africains eux-mêmes. D’où la nécessité pour le continent de s’unifier pour relever les défis de l’avenir.
Il s’agit d’une véritable course contre la montre à laquelle doit se livrer le continent pour rattraper les retards pris dans nombre de domaines, ont-ils affirmé.
Répondre aux attentes de plus en plus pressantes des populations en termes de bien-être (accès à l’emploi, à la sécurité, à la santé, à la culture, à l’éducation…), exige des investissements conséquents d’où l’impératif pour les pays africains de revoir les partenariats scellés, qui souvent ne sont pas en leur faveur, et de prospecter d’autres qui seraient dans une logique gagnant-gagnant, ont-ils préconisé.
Les pays africains sont également appelés à intensifier leurs échanges économiques dans une logique de complémentarité et non pas de concurrence, ont estimé les participants en relevant que le commerce interafricain ne dépasse guère les 11 ou 12 pc alors qu’il est de l’ordre de plus de 80pc en Europe.
L’Afrique doit aussi relever le défi de la compétitivité et de la concurrence de plus en plus exacerbées dans un contexte international, ainsi que celui du numérique qui façonne le monde d’aujourd’hui et de demain, ont-ils assuré.
Pour ce faire, les Enjeux de formation s’avèrent extrêmement importants et les pays africains doivent s’y atteler en mettant en place de véritables schémas de formation.
Cependant, ‘’le tableau n’est pas si sombre car le continent dispose de nombreux atouts lui permettant de relever les défis. D’abord sa capacité à se remettre en question, la fougue de sa jeunesse, sa culture et ses immenses matières premières…, ont-ils dit, soulignant le rôle que doit jouer l’OIF ainsi que l’Europe particulièrement la France, car l’Afrique ne pourra pas à, elle seule, relever les défis de l’avenir.