Dans son rapport sur les perspectives économiques régionales rendu public mercredi, la Banque prévoit désormais une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 3 % dans ses régions en 2023, soit une révision à la baisse de 1,7 % par rapport à son dernier rapport de mai. Ces projections sont soumises à un « risque majeur de baisse » si la guerre en Ukraine s’intensifie ou si le volume des exportations de gaz russe diminue davantage, prévient l’institution basée à Londres.
Toutefois, une révision à la hausse de la croissance prévue cette année devrait entraîner un ralentissement plus doux en termes réels, la production de l’année prochaine n’étant inférieure que de 0,5 % aux prévisions de cet été, nuance la BERD. La production dans les régions où intervient la BERD devrait augmenter de 2,3 % en 2022, les consommateurs des pays émergents d’Europe s’étant lancés dans une vague de dépenses post-pandémie au cours du premier semestre de l’année, ce qui a temporairement stimulé la consommation, malgré une baisse des salaires réels.
« La situation est très préoccupante pour les régions de la BERD et de nombreuses économies avancées. À l’approche de l’hiver, le coût économique de la guerre en Ukraine apparaît de plus en plus clairement chaque jour qui passe », a commenté Beata Javorcik, économiste en chef de la Banque. « L’inflation n’a peut-être pas atteint son pic dans les régions de la BERD car, dans de nombreux pays, l’augmentation des coûts de production et les prix élevés du gaz naturel ne se sont pas encore totalement répercutés sur les prix à la consommation », a-t-elle observé. Le nouveau rapport sur les perspectives économiques régionales, intitulé « A cold winter ahead ? », dresse un portrait acerbe de l’impact de la guerre sur les marchés de l’énergie, l’inflation et les économies des régions de la BERD.
Depuis la fin février, les prix du gaz en Europe sont en moyenne environ 2,5 fois supérieurs à leur niveau de 2021, regrette la banque, soulignant que la hausse des prix du gaz implique une augmentation de la facture des importations pouvant atteindre 4 à 5 % du PIB, « les économies étant fortement dépendantes du gaz dans leur bouquet énergétique ».
L’inflation moyenne dans les régions de la BERD a atteint 16,5 % en juillet, un niveau qui n’avait pas été observé depuis 1998, relève le rapport, précisant que l’énergie et les denrées alimentaires représentent généralement une part plus importante de la consommation des ménages les plus pauvres, qui connaissent des taux d’inflation effectifs encore plus élevés. La production dans la région du Sud et de l’Est de la Méditerranée devrait croître de 2,9 % en 2022, bien que des problèmes structurels, des vulnérabilités externes et des progrès limités en matière de réformes continuent de peser sur l’économie. La croissance devrait augmenter pour atteindre 4,7 % en 2023.
La BERD est une banque multilatérale qui favorise le développement du secteur privé et de l’initiative entrepreneuriale dans 36 économies réparties sur trois continents. La Banque est détenue par 71 pays ainsi que par l’UE et la BEI. Les investissements de la BERD visent à rendre les économies de ses régions compétitives, inclusives, bien gouvernées, vertes, résilientes et intégrées.