Angleterre: première crise pour la coalition après la démission d’un ministre
Le gouvernement de coalition britannique dirigé par le conservateur David Cameron a été confronté dimanche à sa première crise depuis son entrée en fonction il y a moins de trois semaines, déclenchée par la démission d’un ministre libéral-démocrate mis en cause pour ses notes de frais.
Ce départ est un coup dur pour le gouvernement, 18 jours seulement après sa prise de fonction. M. Laws, 44 ans, avait impressionné les milieux financiers par sa volonté d’appliquer sans concession le programme de réduction des dépenses publiques, priorité absolue du nouveau gouvernement.
Positionné à la droite du parti libéral-démocrate (centre-gauche), il avait aussi été l’un des architectes de l’accord de coalition. Hautement considéré par les conservateurs, il constituait à leurs yeux une garantie de la viabilité de cette alliance.
Enfin, les circonstances de cette démission sonnent comme un premier échec pour M. Cameron et le vice-Premier ministre libéral-démocrate Nick Clegg, qui ont promis d’assainir les moeurs politiques après le vaste scandale de l’été dernier sur les défraiements réclamés indûment par des parlementaires.
Le Telegraph avait révélé vendredi que M. Laws, un ancien banquier devenu millionnaire, avait perçu en tant que député près de 40.000 livres d’indemnités réclamées pour des chambres louées dans deux propriétés appartenant à son compagnon James Lundie.
Cette pratique est en violation d’une loi qui interdit depuis 2006 aux parlementaires "de louer un logement auprès d’un conjoint". M. Laws avait anticipé de quelques minutes ces révélations, en admettant les faits, présentant ses excuses, et en annonçant de lui-même son homosexualité.
Il avait justifié ses actes par son souhait de préserver le secret sur sa sexualité et sa relation, secret qui aurait été brisé s’il avait réclamé les indemnités auxquelles un parlementaire en couple a droit. Il avait de plus assuré qu’il ne pensait pas violer la loi, car M. Lundie et lui ne vivaient pas comme deux conjoints.
Mais plusieurs députés travaillistes de second rang avaient réclamé son départ. Une issue qui est finalement apparue inéluctable à M. Laws, présenté comme un modèle d’intégrité par ses collègues du gouvernement.
"Je ne sais pas comment je pourrais continuer mon travail crucial sur le budget et le contrôle des dépenses alors que je suis confronté aux conséquences privées et publiques des récentes révélations", a-t-il déclaré, après avoir apparemment décidé de lui-même de partir.
"Je ne peux pas maintenant échapper à la conclusion que ce que j’ai fait était d’une certaine manière mal, même si je n’ai tiré aucun profit de garder ma relation privée", a-t-il ajouté.
M. Cameron a salué en lui un "homme bon et honorable", motivé par "la protection de (sa) vie privée plus qu’autre chose", qui a fait en peu de temps "une réelle différence" en s’attaquant sans état d’âme au déficit.
M. Clegg, qui souhaitait le voir rester en place, a dit espérer qu’il puisse à l’avenir "joindre à nouveau le gouvernement", car "il a énormément à offrir à la vie nationale".
Le ministre des Finances George Osborne lui a rendu hommage, en estimant que c’était "comme s’il avait été placé sur terre pour faire le boulot qu’on lui demandait de faire".
M. Laws sera remplacé par un autre libéral-démocrate, Danny Alexander, 38 ans, qui était jusque-là ministre pour l’Ecosse, après avoir été pendant la campagne électorale le chef de cabinet de M. Clegg.