Dans ce livre, Omar Dahbi revient sur les crises qui ont émaillé les relations entre le Maroc et l’Espagne, mais au-delà de ces crises, il fait des révélations, preuves à l’appui, sur les manipulations des politiques espagnols par leurs services d’espionnage.
L’auteur, qui fait remonter la conflictualité entre les deux pays à 13 siècles en arrière lorsqu’en 711, Tarek Ibn Ziad entreprit l’invasion de la péninsule ibérique, s’intéresse surtout aux crises, plus récentes, avec l’avènement du gouvernement de José Maria Aznar.
Pour lui, la crise entre le Maroc et l’Espagne s’était "déclenchée le jour où José Maria Aznar avait décidé de confier le dossier des relations bilatérales au général Calderon (patron des services d’espionnage espagnols) afin qu’il mette en marche son plan dit +Atomentar a Marrucos+ basé essentiellement sur le principe de la nécessité de maintenir le Royaume dans une situation de +préoccupation permanente+".
Omar Dahbi, qui met aussi en relief le rô le de certains journalistes, marocains et espagnols, affidés à la cause espagnole, se dit, cependant, un "amoureux de l’Espagne, pays séculaire partageant avec le Royaume du Maroc toute une partie de son histoire".
En ce sens, il formule l’espoir que son livre soit "considéré comme un plaidoyer pour que l’espionnage espagnol abandonne sa mainmise sur le dossier des relations maroco-espagnoles et laisse les diplomates des deux pays construire des liens d’amitié basés sur la concertation, la coopération et l’intérêt commun".
Bien que "le Maroc a donné suffisamment de signaux, ces dernières années, sur sa volonté de faire du voisin du Nord un partenaire réel sur les fronts économique, politique et sécuritaire au lieu de rester figé sur la position géopolitique classique, devenue obsolète dans le monde actuel, qui consiste à considérer systématiquement ses voisins comme des ennemis conventionnels", l’auteur note, toutefois, qu’à Madrid, "il existe encore des attitudes réactionnaires dans les arcanes du pouvoir, réel et non apparent, qui ne veulent pas changer d’attitude" et pour qui "le Maroc est une menace et il faut toujours s’en méfier".
"S’il y a bien un domaine des relations bilatérales qui obéit à des critères irrationnels c’est bien celui des relations maroco-espagnoles", écrit, pour sa part, Khalil Hachimi Idrissi, auteur de la préface de ce livre (141 pages), relevant que "l’absence historique en Espagne d’un discours anticolonialiste, clair et assumé, à l’égard du Maroc, par une intelligentsia de progrès complique également les relations bilatérales".
De son côté, Naim Kamal note, dans la postface du livre, que "la marque des relations maroco-espagnoles est la crise permanente qui leur est devenue à la longue une seconde nature".
"Dans le développement et la stabilité, le Maroc n’est pas une menace pour l’Espagne. Ni aujourd’hui, ni demain, ni dans un siècle. Il faut un dupe géopolitique ou un esprit étriqué pour prétendre le contraire", estime-t-il.