Luc Ferry et l’ancien patron des Renseignements généraux Yves Bertrand ont été auditionnés début juin à la brigade de protection des mineurs de la police judiciaire parisienne chargée de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris après les propos tenus par le philosophe sur Canal+ le 30 mai.
Deux jours après les propos tenus par Luc Ferry, le parquet de Paris avait décidé mercredi d’ouvrir une enquête préliminaire sur les allégations de l’ancien ministre de l’Education. Ce dernier accuse, sans donner de nom, un ancien ministre d’actes de pédophilie, arguant que cette personnalité s’était "fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons". Luc Ferry affirme tenir cette information des "plus hautes autorités de l’Etat", notamment d’un Premier ministre.
Premier ministre de mai 2002 à mai 2005, Jean-Pierre Raffarin écrit, sur son blog, ignorer cette affaire. "J’ignore totalement à quels éventuels événements il fait référence. En ce qui me concerne, je n’ai jamais été saisi, de près ou de loin, d’informations de cette nature", précise l’ancien chef du gouvernement, dans un billet intitulé "Rumeurs".
Début juin, le procureur du roi de Marrakech avait reçu une instruction du ministre marocain de la Justice d’ouvrir une enquête approfondie.
"Nous attendons les résultats de l’enquête et il n’y aura aucune tolérance à ce niveau", selon Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la Famille et de la solidarité.
Luc Ferry ne semblait pas vouloir dévoiler le nom de l’ancien ministre mis en cause. "Si je sors le nom maintenant, c’est moi qui serai mis en examen et à coup sûr condamné, même si je sais que l’histoire est vraie", s’est-il justifié. Mercredi, en pleine polémique, le philosophe s’est dit "ravi d’avoir jeté ce pavé dans la mare" sur i-Télé. Sur le site de L’Express, Luc Ferry a quelque peu relativisé ses propos, assurant qu’il n’avait "aucune preuve", ni "aucun fait précis sur cette affaire". "Mais à l’époque, j’en ai entendu parler", a-t-il ajouté. "On m’a rapporté mille choses sur mille ministres, mais je ne dirai jamais rien, à part si cela mettait en danger la République", a poursuivi l’ancien ministre.
"Ce n’est pas Jack Lang", avait pour sa part affirmé Jean-François Kahn, interrogé par "Arrêt sur images". Le fondateur de Marianne avait tenu à dédouaner le socialiste, semble-t-il visé par certains soupçons. Le journaliste avait expliqué avoir discuté de cette affaire avec Luc Ferry, à la suite de l’enregistrement du Grand Journal, émission à laquelle ils étaient tous les deux invités. Luc Ferry lui aurait alors donné un autre nom, qu’il s’est lui aussi refusé à transmettre. "Tout le monde sait de qui il s’agit", avait ajouté Jean-François Kahn, sans donner davantage d’informations.
Jack Lang avait également annoncé qu’il "allait étudier avec son avocat la possibilité de porter plainte en cas de diffamation".
"Je suis navré par ce climat (…) tellement lourd et tellement détestable (…) On a le sentiment qu’on a enlevé un couvercle et que le grand déballage s’annonce", avait sur Europe 1 le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, en référence à l’affaire DSK,. avant de pointer les risques de telles rumeurs :
"Le problème est qu’il ne faut pas transformer cette demande de morale en exigence de moralisme qui devienne déraisonnable et qui finisse par détruire l’ordre social". "S’il n’y a plus d’intimité, plus de vie privée, plus rien et que tout le monde est à la merci de dénonciation, de calomnies, de racontars, le remède va devenir pire que le mal", avait-il conclu.