"Ici, tout le monde est scandalisé par cet attentat qui vise un lieu symbolique et mythique et a été fait pour toucher des Marocains et des étrangers", poursuit le romancier né à Fès.
"Pour l’instant, personne n’a revendiqué cette attaque et je n’accuse personne, mais on peut penser que c’est une façon pour Al-Qaïda de se rappeler au mauvais souvenir des Marocains au moment où les peuples arabes se battent pour leur liberté", souligne Tahar Ben Jelloun qui avait publié en 1991 "La remontée des cendres", consacré aux victimes anonymes de la guerre du Golfe.
"Cela fait longtemps qu’Al-Qaïda cherche à se faire remarquer au Maroc mais ils n’ont pas trouvé de complicités dans un pays qui reste à part et est entré dans une ère de réformes avec le roi Mohammed VI", ajoute-t-il.
"Il y a une très grande vigilance au niveau du peuple face aux risques d’attentats. Les gens sont très jaloux de leur liberté et ne veulent pas qu’il y ait des perturbations dans cette nouvelle ère", dit-il.
"Ce genre d’attentat qui vise à une déstabilisation politique, ce n’est pas du tout marocain", assure l’écrivain de 66 ans, qui avait été envoyé en camp disciplinaire après des manifestations estudiantines auxquelles il participait en 1965.
Le Maroc n’a pas d’autres ressources que le phosphate et le tourisme, et "quand on veut assassiner un pays, on frappe son économie, c’est ce qu’a voulu faire cet attentat", relève-t-il. "Mais il faut que les touristes continuent de venir", dit-il.
"Il y a des islamistes au Parlement marocain qui ont choisi la voie démocratique, d’autres plus radicaux existent mais aucune branche ne prône ce genre de violence", rappelle le romancier, qui vit en France depuis une quarantaine d’années, mais séjourne très souvent au Maroc.
Juré du Goncourt depuis 2008, Tahar Ben Jelloun a été récompensé par ce prix prestigieux en 1987 pour "La nuit sacrée". Il est l’auteur de plus d’une quarantaine de romans et recueils de nouvelles.
Les autorités marocaines exploraient vendredi "toutes les pistes y compris celle d’Al-Qaïda" dans l’enquête sur l’attentat non revendiqué, perpétré la veille, dont le bilan s’est alourdi à 16 morts.