Egypte : Mohamed Morsi affirme son pouvoir face à l’armée

Mohamed Morsi a créé la surprise en annulant la « déclaration constitutionnelle » accordant de larges pouvoirs à l’armée et la mise à la retraite du maréchal Hussein Tantaoui, ministre de la Défense depuis 20 ans.

Egypte : Mohamed Morsi affirme son pouvoir face à l’armée
Le président égyptien Mohamed Morsi a ordonné dimanche la mise à la retraite du maréchal Hussein Tantaoui, chef du conseil suprême des forces armées, qui a conduit la transition après la chute, en février 2011, du président Hosni Moubarak.

Selon le porte-parole de la présidence, le chef de l’Etat a également mis à la retraite d’office le général Sami Anan, chef d’Etat-major des armées. Les deux officiers sont nommés conseillers auprès du chef de l’Etat, qui est issu des Frères musulmans.

Pour sa part, le général Mohamed al Assar, promu dimanche vice-ministre de la Défense, a expliqué que la décision du chef de l’Etat de mettre le maréchal Hussein Tantaoui à la retraite avait été prise après des consultations avec l’intéressé et le Conseil suprême des forces armées (CSFA) qu’il présidait.

Le maréchal Hussein Tantaoui, 76 ans, qui est considéré comme un pilier du régime Moubarak dont il a été le ministre de la Défense pendant 20 ans avant d’assurer la transition sous la pression de la rue au lendemain de la "révolution du Nil", est remplacé aux postes de ministre de la Défense et de président du CSFA par le général Abdellatif Sisi.

Le général Sidki Sohbi succède quant à lui au général Sami Anan à la tête de l’Etat-major.

Mohammed Morsi a également ordonné la mise à la retraite des commandants de la marine, de la défense aérienne et l’armée de l’air.

Le président Mohamed Morsi a également nommé un magistrat, Mahmoud Mekky, au poste de vice-président de la République. Ce juge a pour frère le nouveau ministre de la Justice, Ahmed Mekky, qui avait dénoncé sous Moubarak les fraudes électorales.

M. Morsi a également décidé l’annulation de la Déclaration constitutionnelle complémentaire qui accorde une marge de manoeuvre très réduite face à l’armée qui s’est vue attribuée de vastes pouvoirs, en conditionnant la tenue de nouvelles législatives à la rédaction d’une nouvelle constitution par une commission ad hoc et son adoption par voie de référendum.

Ce texte amendant une première déclaration constitutionnelle promulguée par les militaires en mars 2011, précise que l’armée s’est formellement attribuée le pouvoir législatif jusqu’à l’élection d’un nouveau Parlement.

La rédaction de la nouvelle constitution sera confiée à une "commission constitutionnelle représentant toutes les franges de la société" et qui disposera de trois mois pour terminer ses travaux, selon cette déclaration.

La Déclaration accorde, en outre, un droit de veto à l’armée sur tout article qu’elle estime "contraire aux intérêts suprêmes du pays" et la possibilité de former une nouvelle commission constitutionnelle si l’instance actuelle, dominée par les islamistes, "est empêchée d’accomplir sa mission".

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