Londres accusé d’abriter des biens des caciques du régime Moubarak

Dix-huit mois après la chute du président Hosni Moubarak, une enquête menée conjointement par la BBC, le journal "The Guardian" et le quotidien arabophone "Al-Hayat" révèle que le gouvernement britannique rechigne à geler les biens des caciques de l’ancien régime égyptien. Plusieurs millions de dollars seraient ainsi toujours aux mains de leurs propriétaires alors même que des sanctions internationales ont été prises, notamment par l’Union européenne, pour geler ces avoirs.

D’après les documents cités dans cette enquête, des biens immobiliers et des sociétés basés à Londres appartiennent toujours à l’ancienne garde rapprochée du président déchu. À Knightsbridge, un quartier cossu de Londres, une luxueuse demeure estimée à 10 millions d’euros est toujours la propriété de la famille Moubarak, via une société basée au Panama, un paradis fiscal.

Cette adresse de Wilton Place figure sur le certificat de naissance de Farida, la fille de Gamal Moubarak née en 2010. Elle apparaît également sur les registres de la société MedInvest Associates, un fond d’investissement détenu par une société chypriote, dont Gamal Moubarak, le fils aîné de Hosni Moubarak longtemps considéré comme l’héritier désigné du régime, était l’administrateur jusqu’à sa dissolution volontaire, en février 2012, soit un an après la révolution égyptienne.

"Le Royaume-Uni est l’un des pires pays quand il s’agit de rechercher et de geler les avoirs égyptiens", accuse le ministre de la Justice égyptien, Mohamed Mahsoub, interrogé par la BBC. "Le gouvernement britannique ne veut faire aucun effort pour recouvrer les sommes en question", déplore sur la chaîne britannique Assem al-Gohary, chef de l’autorité égyptienne de l’enrichissement illicite. "Il nous demande de leur apporter des preuves. Est-ce raisonnable ? Nous sommes en Egypte et nous traquons de l’argent au Royaume-Uni", conclut-il.

Après la chute de Moubarak, il a fallu attendre 37 jours pour que la Grande-Bretagne décide de geler les avoirs égyptiens. D’autres pays européens, à l’instar de la Suisse, pourtant réputée pour être un paradis fiscal et bancaire, ont en revanche immédiatement réagi. Ainsi, là où les autorités britanniques ont gelé 107 millions d’euros de biens, la Suisse a immobilisé 562 millions d’euros.

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