L’heure de vérité du Général Sissi
Dès le début de cette année 2014, le général Abdelafatah Sissi, l’homme fort du pouvoir égyptien connaîtra son heure de vérité. La consécration d’une adhésion populaire et politique à sa personne et à son projet ou le maintien de tensions et disputes sur le pourvoir acquis par l’éclat d’un coup de force qui oscille encore entre le coup d’état militaire classique et l’opération de sauvetage menée par un homme qui se veut providentiel.
Et comme cela aussi était prévisible, ce qui reste encore des frères musulmans mobilisés au sein de l’alliance anti-coup d’Etat, a immédiatement appelé à son boycott . Ils ont aussi promis de faire campagne pour le vider de sa substance. Le référendum dont le but selon de nombreux spécialistes de la question est de tricoter un nouvel habillage institutionnel au nouveau pouvoir dominé par l’armée, sera une dernière occasion de procéder à un test grandeur nature des véritables rapports de force de la scène politique égyptienne.
Le Second élément qui est venu presque en concomitance à cette annonce est l’accusation adressée à l’ancien président déchu Mohamed Morsi de complot, d’espionnage et de grande conspiration. Morsi est toujours détenu. Les faits remontent aux conditions de sa libération de sa prison alors que le régime de Hosni Moubarak était en train de rendre son dernier souffle. La Justice l’accuse d’avoir bénéficié d’aides d’organisations terroristes comme le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais. Le risque pénal pour lui est maximal. S’il est reconnu coupable des peines retenues contre lui, la peine de mort l’attend au bout de la corde.
Derrière ces deux événements majeurs, le nouvel homme fort du régime égyptien le général Abdelfattah Sissi est à la manœuvre. L’homme que l’influent magazine américain "Time" a failli choisir comme "homme de l’année 2013", n’a qu’une seule obsession, montrer que la véritable révolution égyptien a eu lieu le 30 juin au moment ou les égyptiens ont répondu à son appel et lui ont donné délégation pour combattre le terrorisme, démonter l’architecture des frères Musulmans. Le général Sissi se croit presque contraint de tuer la genèse de la révolution du 25 janvier 2011 qui avait chassé Moubarak du pouvoir et ouvert la voie à l’arrivée des frères Musulmans au pourvoir.
Le référendum sur la constitution s’annonce aussi comme un référendum indirect autour de la personne de Sissi à qui on prête la volonté de concourir pour les prochaines présidentielles. Lui même entretient savamment le mystère. Son entourage lui fabrique une réputation de recours, d’homme providentiel. Le tout est de savoir si sa bénédiction viendra des urnes ou si les casernes se mêleront du jeu pour en fabriquer l’issue.
S’il n’y a plus de mystères sur le positionnement des frères Musulmans à l’égard de l’ensemble du projet politique de Sissi, de nombreux doutes persistent sur l’approche qu’adopteront les forces laïques et progressistes qui ont allumé l’étincelle anti Moubarak lors de la révolution de janvier 2011. De nombreuses composantes de cette mouvance ont été déçues par la tournure des événements et l’autoritarisme dont a fait preuve le nouveau pouvoir. À force de vouloir pratiquer l’éradication contre la gouvernance des Frères Musulmans, la politique de A.Sissi a eu des dommages collatéraux liberticides qui ont renvoyé l’Egypte à ses années les plus sombres.
Signe des temps, le général Abdelfath Sissi pourra toujours s’estimer heureux d’être porté pour des vents favorables qui soulignent l’échec de l’Islam politique au gouvernement dans de nombreux pays comme la Tunisie ou la Libye.