Le chef de l’Etat a prononcé son discours d’environ une heure dans une salle d’opéra au centre de Damas où s’étaient entassés ses partisans venus l’acclamer. Il s’agissait de sa première apparition publique depuis juin dernier et de ses premiers commentaires publics depuis une interview à la télévision russe en novembre.
Bachar al Assad a présenté ce qu’il a qualifié d’initiative de paix pour mettre fin au soulèvement contre son gouvernement qui dure depuis 21 mois. Mais cette proposition, qui prévoit une conférence de réconciliation avec "ceux qui n’ont pas trahi la Syrie", a été immédiatement rejetée par ses opposants.
"Il serait nécessaire, pour la première étape d’une solution politique, que les puissances régionales cessent de financer et d’armer (l’opposition), la fin des opérations terroristes et le contrôle des frontières", a déclaré le chef de l’Etat.
"Nous ne dialoguerons pas avec une marionnette fabriquée par l’Occident", a ajouté le président à propos de l’opposition.
"Assad a simplement voulu, avec l’initiative qu’il a proposée, couper la route (à ceux qui veulent) parvenir à une solution politique qui pourrait résulter de la réunion américano-russe à venir avec (l’émissaire des Nations unies Lakhdar) Brahimi, ce que l’opposition ne pourra pas accepter jusqu’à son départ et celui de son régime", a déclaré à Reuters le porte-parole de la Coalition nationale syrienne, Walid Bounni.
L’Union européenne a estimé pour sa part que Bachar al Assad devait démissionner pour permettre une solution politique.
"Nous allons regarder avec attention s’il y a quelque chose de nouveau dans le discours (d’Assad), mais nous maintenons notre position selon laquelle Assad doit se retirer pour permettre une transition politique", a déclaré un porte-parole de la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton.
Bachar al Assad a parlé sur un ton assuré devant un public acquis qui n’a pas hésité à l’interrompre pour l’applaudir. A un moment, la foule a levé le poing et scandé : "Nous nous sacrifions pour toi corps et âme, ô Bachar !"
A la fin du discours, les partisans du chef de l’Etat ont envahi la scène entourant un Bachar al Assad souriant.
"Nous sommes désormais en état de guerre dans tous les sens du terme", a déclaré le président dans son discours. "Cette guerre vise la Syrie en se servant d’une poignée de Syriens et de nombreux étrangers. De ce fait, c’est une guerre pour défendre la nation."
"Nous nous rencontrons aujourd’hui et la souffrance accable la terre de Syrie. Il n’y a pas de place pour la joie quand la sécurité et la stabilité sont absentes des rues de notre pays", a lancé le chef de l’Etat.
"La nation est à tous et nous devons tous la protéger."
Le soulèvement entamé il y a 21 mois contre son gouvernement s’est progressivement transformé en guerre civile qui, selon les Nations unies, a fait 60.000 morts.