Dans les médias étrangers, comme dans la presse nationale, le nom de l’ancien président qui a démissionné en 1998 après un désaccord profond avec l’armée, revient avec insistance. Ce lundi 3 juin, le quotidien Le Soir d’Algérie a fait sa une sur « Liamine Zeroual à la Présidence ».
Jusqu’à preuve du contraire, Liamine Zeroual a plusieurs fois refusé de revenir sur le devant de la scène et très récemment encore. Le général a toujours dit ne pas croire à l’homme providentiel pour l’Algérie. Il a raison : son retour serait un terrible symbole négatif pour le pays. En Algérie comme à l’étranger. En 1994, il avait endossé le rôle du sauveur de la patrie, alors menacée par la guerre civile qui faisait rage. Mais aujourd’hui ? Non que l’homme soit désagréable ou incapable, mais cela sonnerait assurément comme un constat d’impuissance. Vingt ans plus tard, on se serait retrouvé au même point, avec le même homme au plus haut sommet de l’Etat. Et avec l’idée qu’en 20 ans, l’Algérie n’a pas su faire émerger des compétences et des visions, autres que celle d’un général en retraite et qui semble aspirer à y demeurer. Quel échec pour le système algérien, quel échec pour la société civile et quel signal envoyé à une jeunesse qui n’a jamais connu ce titulaire d’El Mouradia.
Alors que durant ces dix dernières années, les conditions ont été bonnes pour l’Algérie, avec des revenus pétroliers inédits et des conditions favorables pour sortir de la crise, serait-on revenu vingt ans en arrière ? Le pays a-t-il finalement besoin d’un militaire conseillé par des militaires ou bien d’économistes conseillés par des économistes afin de le mettre enfin sur le chemin du développement ? Poser la question, c’est assurément y répondre.
Et si des solutions sont à inventer pour remplacer ou succéder à Abdelaziz Bouteflika, n’y a-t-il pas des hommes susceptibles d’offrir des perspectives dans un pays secoué périodiquement par des convulsions sociales, capable de lutter contre la corruption qui gangrène tous les étages de la société et désireux de faire cesser l’anarchie qui règne dans bien des secteurs ? N’y a-t-il pas en Algérie des hommes qui ont une vision politique du pays et pas simplement des galons à leurs épaulettes ? En 20 ans, rien n’aurait finalement changé en Algérie.