Procès pour viol: la victime présumée accuse, Saad Lamjarred récuse

Sept ans après les faits, le procès devant la cour d’assises du chanteur pop Saad Lamjareed, accusé d’avoir agressé une femme de 20 ans dans une chambre d’hôtel parisien, s’est ouvert lundi 20 février à Paris. La star marocaine risque gros. Son procès se tient devant la cour d’assises. La sentence peut aller jusqu’à 20 ans de réclusion, ainsi que 5 ans pour les violences ayant accompagné le viol présumé.

Dire que ce procès va déterminer l’avenir du chanteur dont les clips font des millions de vues sur Youtube est un euphémisme. La cour a proposé à la victime présumée, Laura Prioul, un procès à huis clos mais elle a refusé, optant pour une audience publique. « Mon avocat a dit que ça pourrait être la punition la plus sévère pour Saad Lamjarred », explique-t-elle à la magistrate Frédérique Aline qui l’interrogeait sur ce choix.

Au premier jour du procès, Saad Lmajarred, flanqué d’une interprète, s’avance. Il fait face à deux magistrates, le jury et l’avocat général. La magistrate Frédérique Aline liste les accusations. Le chanteur nie avoir violé et agressé Laura Prioul, comme il l’a toujours soutenu depuis le premier jour de l’affaire.

« J’ai attendu ce moment pendant presque sept ans, pour dire tout ce que vous voulez entendre sur cette affaire qui nous a fait beaucoup de mal à moi et à mes proches », dit-il à la barre.

La star marocaine raconte sa version de cette nuit du 25 au 26 octobre 2016, passée dans une boite de nuit du quartier des Champs-Elysées, à la veille d’un concert qu’il doit donner trois jours plus tard au Palais des congrès. Laura Prioul y était avec un groupe d’amies, invitée par un « promoteur de nuit » dont le travail est d’amener de jolies filles dans des clubs huppés. « Cela permet aux filles de s’amuser et de boire gratuitement », expliquera plus tard la victime présumée, interrogée par les avocats du chanteur, Me Jean-Marc Fedida et Me Thierry Herzog.

Saad Lamjarred et ses amis proposent de poursuivre la nuit ailleurs, dans  la chambre d’un couple, à l’Hôtel Intercontinental, avant le chanteur décidé de poursuivre la fête dans sa chambre de Marriott. Il prend un taxi avec Laura P. Il admet devant la barre avoir bu et pris de la cocaïne. 

Une fois dans la chambre 741, tout bascule. Pour Saad Lamjarred, il n’y a pas eu ni pénétration, ni agression physique. S’il l’a poursuivie dans le couloir, hors de sa chambre, c’était pour éviter le scandale.

« Je profite de ma célébrité pour transmettre des choses positives aux gens, tout ça dans un esprit de respect, de grand respect pour la femme », dit-il lundi à la magistrate, au premier jour de l’audience.

Interrogé sur son séjour aux Etats-Unis, il ne s’attarde pas. « J’ai eu un problème, j’ai décidé de rentrer ». Sur le procès du chanteur planent en effet les précédentes accusations de viol dont le chanteur avait fait l’objet. La magistrate ne compte pas passer outre.

Appelée à la barre, son épouse Ghita affirme, la tête haute et d’une voix assurée : « Je sais qu’il est innocent, c’est mon mari, je le connais ».

Version contre version

Mardi, c’est au tour de Laura Prioul de donner sa version des faits. « Il y avait un bon feeling, il me plaisait physiquement », relate mardi Laura Prioul pour expliquer pourquoi il a suivi le chanteur jusqu’à son hôtel.

« On a dansé, écouté de la musique, parlé de tout et de rien », raconte-t-elle. « On s’est embrassés. Et là tout à coup, il a poussé ma tête qui a cogné par terre ». « Terrorisée », elle dit avoir essayé de le repousser. En vain. « Il s’est alors mis à califourchon sur moi. Il a essayé de se frotter à moi. J’ai commencé à pleurer. Je l’ai supplié d’arrêter ».

Laura Prioul fond à nouveau en larmes et raconte que la star lui a asséné des coups de points, avant de la violer. Elle se réfugie dans la salle de bain et en ressort 5 minutes après. « Il était calme. C’était comme deux personnes différentes. Une personne bienveillante et respectueuse qui s’inquiète de savoir si vous avez froid ou soif ; et une personne hautaine qui n’écoute rien et qui aime voir les gens souffrir , relate Laura pour expliquer pourquoi elle n’en a pas profité pour quitter la chambre. « U». La star lui offre 150 euros et un bracelet en argent qu’elle dit avoir refusé, et finit par lui demander de se marier avec lui.

La victime présumée, Laura Prioul, avec l’un de ses avocats.

« Je lui ai répondu non, qu’on ne se marie pas comme ça ».  « Tu seras heureuse, on aura des enfants ». « J’ai eu le malheur de lui dire que c’était un monstre ». s’ensuivent, selon sa version, des coups à nouveau.

Si un homme « pose sa main sur votre épaule, vous enlace, vous embrasse », ce n’est pas « parce qu’il y a une tentative de « séduction horizontale » selon vous ? », demande Me Fedida. Laura Prioul ne se démonte pas et assure qu’elle n’envisageait qu’un « flirt ». « Je ne savais pas qu’il voulait aller plus loin, je ne suis pas dans sa tête ».

A Me Herzog qui l’interrogeait sur des photos en sous-vêtements,  « Vous avez fait des photos en sous-vêtements ? » « Oui. C’était pour accepter mon corps et prendre confiance en moi. Pour tout vous dire, j’ai même fait une séance de nu artistique si c’est là que vous voulez en venir », répond-elle sans ciller.

« Quelles preuves avons-nous que vous dites la vérité ? », interroge Me Herzog. « Il y a un rapport médical sur l’ADN et un autre sur mes blessures », dit-elle d’une claire avec une pointe de défiance.

Tard dans la soirée de ce mardi, Saad Lamjarred quitte le tribunal, accompagné de son épouse, son manager Redouane et son conseiller en communication, Youssef Jajili, également président de l’Olympique de Khouribga.

Ce mercredi matin, la cour auditionne de la mère de la victime présumée qui décrit le « traumatisme » vécu par Laura Prioul. Saad Lamjarred sera entendu de nouveau dans l’après-midi.

 

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