Les cultures arabes au 29è Salon du livre et de la presse de Genève qui se tient à Palexpo du 29 avril au 3 mai
Par Fouzia Benyoub
Un salon du livre passeur, médiateur et agitateur
Au fil du temps, le salon du livre et de la presse francophone est devenu le rendez-vous privilégié de la création littéraire et de l’édition en langue française. Un salon du livre qui se veut passeur, médiateur et agitateur. Isabelle Falconnier, présidente du Salon souhaite partager avec les visiteurs « les mille et une vies du livre, décliner l’écrit en une fête de l’esprit et des sens, rassembler les lecteurs autour des émotions et des interrogations qui nous portent tout au long de l’année ».
Et de préciser les nouveautés 2015 : « La Russie, hôte d’honneur, met en scène la diversité et la complexité de son identité culturelle européenne et mondiale. Le Jura séduit avec une littérature et un patrimoine qui s’est réinventé au-delà du combat identitaire. La scène philo invite les grands esprits de notre temps à se confronter aux questions essentielles de l’époque ».
Quant à Adeline Beaux, la directrice du Salon, elle explique qu’ « au fil des années, nous avons bâti un réseau de contacts important dans le monde, en particulier au Maghreb et en Afrique subsaharienne. La création de cette plateforme d’échanges nous est apparue comme indispensable pour accompagner les efforts de l’édition francophone».
Un salon qui déplace les bornes
Le salon du livre de Genève, qui est une plateforme culturelle réunissant éditeurs et auteurs, consacre un large intérêt à la créativité. Le salon a développé des espaces dédiés aux polars, aux écrivains voyageurs, à la philosophie et à la bande dessinée, aux littératures arabes et africaines.
Le Salon du livre et de la presse de Genève fait son chemin. Adeline Beaux le précise : « De nos excursions, nous rapportons de nouveaux territoires de lectures, des contacts, des questionnements, des propositions. Enhardis par ces rencontres, nous engageons cette plateforme fabuleuse qu’est le Salon sur d’autres chemins, comme l’encouragement à l’écriture, l’incitation à la lecture ou l’accès à la connaissance, à commencer par celles des littératures francophones dans le monde. 2015 marque un tournant pour notre Salon. C’est l’année des Tandems entre auteurs marocains et auteurs suisses. Le Salon de Genève s’engage pour la liberté de s’écouter entre alter ego ».
Les cultures arabes en partage
Pour sa deuxième année, le pavillon des cultures arabes, dirigé par l’agitateur d’idées, le franco-marocain Youns Ajarraï, a été conçu dans un esprit de partage et d’échanges dans une géopolitique perçue comme chaotique. Ce pavillon s’attache à dépasser ce regard médiatique tragique de la région arabe pour faire découvrir des œuvres littéraires connues et insoupçonnées de cette région à la fois familière et méconnue. Pour Youns Ajarraï : « Le pavillon des cultures arabes est un espace qui se veut un lieu d’échanges et d’écoute au service du partage et de l’émergence de la littérature et de la création arabes, en dialogue avec la francophonie. La programmation interroge le changement des sociétés arabes et prend la forme d’une exploration intellectuelle et artistique.»
Parmi les auteurs, éditeurs, essayistes, chercheurs, critiques littéraires, artistes, femmes et hommes de renom, personnalités consacrées comme talents émergents en provenance d’une douzaine de pays arabes mais aussi d’Europe (Suisse, France, Allemagne, Belgique et Grande-Bretagne), présents à Genève mentionnons Ahlem Mostaghanemi, Abdellatif Laâbi, Malek Chebel, Colette Fellous, Elias Khoury, Paula Jacques, Farouk Mardam Bey, Pierre Brunel, Eric Geo_ roy, Jocelyne Laâbi, Rania Samara, Kebir Mustapha Ammi, Cyril Hadji-omas, Sylviane Dupuis, Julien Burri, Jean-Michel Olivier, Yves Gonzalez-Quijano ou Laurence Deonna.
Une librairie thématique et un espace café seront le cadre des échanges, questionnements et réflexions sur l’actualité littéraire et artistique, sur les cultures multiples et les évolutions politiques et sociales du monde arabe. La religion de l’amour, mise en lumière par le pavillon arabe. « Loin du bruit médiatique et des amalgames populistes, l’héritage humaniste de l’islam, nourri de mysticisme et de spiritualité, est éloigné des dogmes et proche de l’amour. Contre tous les obscurantismes, le pavillon de cultures arabes évoquera ses guerres emblématiques, hommes et femmes, leur enseignement, leur poésie et la philosophie lumineuse qu’ils ont su produire » précise Youns Ajarraï.
L’Afrique, ou les Arts en toute lettre
Pour son douzième rendez-vous annuel au salon du livre et de la presse de Genève, le salon africain part de la littérature pour aller à la rencontre des arts au pluriel, sous le thème « Les arts en toutes lettres ». Auteurs de romans et de théâtre, bédéistes, réalisateurs ou caricaturistes qui marquent l’actualité africaine seront à l’honneur.
A l’heure où Timbuktu triomphe sur les écrans, le salon africain explorera le cinéma inspiré par les romans d’auteurs noirs, avec notamment un hommage à l’écrivain réalisateur Ousmane Sembène et une table ronde sur l’adaptation cinématographique avec le réalisateur tchadien Mahamat Saleh Haroun et des écrivains de la nouvelle génération.
Le salon africain invite également la musique autour de La divine chanson d’Abdourahman Waberi (Djibouti/Etats-Unis). La peinture sera présente à travers La route des clameurs d’Ousmane Diarra (Mali).Le théâtre sera à l’honneur avec un hommage rendu par Bernard Magnier, Théo Ananissoh et Koffi Kwuahulé au dramaturge congolais Sony Labou Tansi pour le vingtième anniversaire de sa disparition.
Comme chaque année, de jeunes auteurs, des éditeurs, des intellectuels et des journalistes du continent noir viendront à Genève rencontrer leurs lecteurs suisses. Citons la Sénégalaise Ken Bugul, auteure phare du continent, le Malien Ousmane Diarra, la Tunisienne Azza Filali, le Congolais Fiston Mwanza Mujila, le Burundais Juvénal Ngorwanubu ou l’Ivoirien Armand Gauz, dont le roman Debout-payé a connu un succès fulgurant. Des auteurs déjà connus seront présents tels que le Congolais Jean Bofane et Henri Lopes ou de l’auteur et éditeur de BD camerounais Simon P. MBumbo. Le Salon africain ne manquera pas de rendre également hommage au sud-africain André Brink décédé cet hiver.
Le vendredi 1er mai sera consacré à la liberté d’expression en compagnie de dessinateurs de presse, écrivains et journalistes. Une occasion d’explorer ce qui fait l’identité de la « communauté francophone » : « peut-on parler, rire, de tout ? Quels sont nos nouveaux tabous ? Quelle société voulons-nous? » S’interroge Isabelle Falconnier, la présidente du Salon du livre et de la presse francophone.
Le Salon en chiffres
• Entre 90 000 et 100 000 visiteurs.
• Environ 800 maisons d’édition
• Plus de 800 auteurs invités.
• Plus de 2000 animations en cinq jours (rencontres, débats, dédicaces, entretiens, visites guidées,
visites de classes, etc.)
• 32 000 mètres carrés