Le jean d’avenir: écolo, coloré au vin et tissé à partir de bouteilles de bière ?

Du colorant à base de vin, un fil de tissage fabriqué avec des bouteilles de soda ou de bière: l’industrie textile, souvent qualifiée de polluante, a recours à des technologies inattendues, mais "vertes", pour la confection du jean de demain.

Trop d’eau consommée, trop d’électricité, trop de produits toxiques: le jean pollue trop, selon les écologistes qui réclament également plus de recyclage. Et des dizaines d’entreprises, notamment le haut de gamme de cette industrie, ont décidé de s’emparer du sujet pour des raisons éthiques, mais aussi économiques.

Ces dernières années, les techniques ont évolué avec l’apparition du laser pour délaver ou pour faire des empreintes sur les jeans, remplaçant la pierre ponce ou le sable, grands consommateurs d’eau et nocifs pour la santé des ouvriers textile.

L’italien ITV, qui a racheté le brevet d’Ecoyaa, entreprise sud-coréenne spécialisée dans la teinture naturelle, développe un nouveau procédé, "Wine-tex", pour remplacer par du vin ou du fer l’indigo, La teinture du jean majoritairement chimique.

De son cô té, la société américaine Cone Denim, qui fournit le géant Levi’s, joue la carte du recyclage. Sur ses pantalons, les étiquettes affichent des caractéristiques des plus ésotériques: "soda pop green" ou "beer bottle brown". En fait, une partie du fil provient du recyclage de bouteilles de bière et de soda.

Pour faire un jean, "il faut sept bouteilles en moyenne", explique Kara Nicholas, une des responsables du marketing de la maison. La production de cette toile denim particulière ne représente cependant encore que 10% de l’ensemble des collections.

"un énorme business"

De son cô té, l’Espagnol Tavex a réussi à rendre l’indigo plus économe en eau, alors que cette teinture, chimique ou naturelle, nécessite plusieurs bains pour se fixer à la fibre.

Tavex explique avoir trouvé une technique spéciale de fixation chimique de la teinture. "On économise 300.000 litres d’eau par jour soit 12 litres par jean avec ce procédé", déclare le responsable marketing pour l’Europe, David Bardin.

A l’appui de sa démonstration, M. Bardin montre une bouteille pleine d’eau foncée – le bain traditionnel – et une autre presque claire, celle issue de cette technique baptisée "Acquasave".

Pour M. Bardin, l’intérêt est aussi économique, avec un allègement des factures d’eau, mais aussi de retraitement des eaux.

La consommation de denim est "un énorme business", évalué autour de 100 milliards de dollars, dont 80% rien que pour les jeans, rappelle le président d’un salon du jean qui s’est tenu récemment à Paris, Philippe Pasquet.

Mais si beaucoup de marques affichent des slogans "eco friendly", il ne faut pas encore s’attendre dans ce secteur "à un grand soir de l’écologie".

Ne serait-ce que parce que le coton, grand consommateur d’eau et de pesticides, est toujours dominant dans la fabrication du tissu. D’autres matières ont déjà été intégrées à la toile comme le Tencell, à base de pulpe d’eucalyptus, qui apporte un effet stretch très recherché par les femmes.

Pour M. Pasquet, "les avancées sur le développement durable se feront bien si elles ne se font pas au détriment de la mode". Autrement dit, si les produits sont désirables.

L’idée de récupération ou de nouvelle vie donnée à son bon vieux jean gagne aussi du terrain. Pour le consultant et spécialiste du denim Philippe Friedmann, l’air du temps est justement "au +home made+, à la customisation, au sur-mesure dans cette éternelle quête du Graal pour avoir le parfait denim".

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