Cette dernière étude menée sur des souris et qui vient corroborer des observations sur des malades "montre que les nerfs contrôlent les cellules souches cancéreuses", écrivent les auteurs de ces travaux, les professeurs Timothy Wang et Duan Chen, respectivement de la faculté de médecine de l’Université de Columbia à New York et de l’Université norvégienne de science et de technologie.
"Bloquer les signaux nerveux rend les cellules cancéreuses plus vulnérables en supprimant un des facteurs clé qui régulent leur croissance", explique le professeur Wang.
Cet effet sur le cancer pourrait s’expliquer par le fait que le Botox empêche la production d’acétylcholine, un neurotransmetteur clé qui stimule aussi la division cellulaire, relèvent ces chercheurs dont les travaux paraissent dans la revue Science Transnational Medicine.
Ces chercheurs ont testé avec des souris, chez lesquelles ils avaient induit un cancer de l’estomac, quatre méthodes de suppression de l’influx nerveux qui, toutes, ont bloqué la progression de la tumeur.
Ils ont sectionné les nerfs tout autour du cancer chez certains de ces rongeurs, sur un côté seulement de la tumeur chez d’autres, et supprimé dans un quatrième groupe la production d’acétylcholine avec du Botox.
Une étude menée sur 37 patients au Japon opérés d’un cancer de l’estomac montre que chez ceux dont l’intervention comprenait davantage de sectionnement des nerfs avait un taux beaucoup plus faible de récurrence de la tumeur.
– Moins toxique et moins cher –
Des expériences initiales sur des souris avec un cancer de l’estomac avaient aussi montré qu’utilisé en combinaison avec d’autres agents anti-cancéreux, le Botox a allongé leur survie jusqu’à 35% comparativement à une chimiothérapie seule.
"Basé sur nos études animales, je pense que le Botox ou d’autres thérapies de dénervation vont certainement doper l’efficacité des chimiothérapies standard (…) et des thérapies ciblées", a expliqué à l’AFP le professeur Wang, qui note toutefois les limites de ces expériences qui ont visé seulement des cancers de l’estomac au stade précoce.
Dans son laboratoire, il espère pouvoir mettre au point des agents pour bloquer les récepteurs des neurotransmetteurs. Selon lui, cette approche devrait être plus efficace que le Botox ou la chirurgie sur des tumeurs invasives de l’estomac et d’autre formes de cancers.
Pour l’heure, les résultats encourageant des expériences sur les souris avec le Botox ont convaincu le professeur Chen de commencer un essai clinique de phase 2 en Norvège avec des patients atteints d’un cancer de l’estomac.
"Nous pensons que le Botox est un bon traitement car il peut être utilisé localement et cible les cellules cancéreuses", explique le professeur Chen.
"Le Botox peut être injecté avec une gastroscopie qui ne requiert qu’une visite de quelques heures à l’hôpital", ajoute-t-il.
Ce chercheur souligne aussi que le Botox, dont les effets sont très localisés, "est moins toxique que la plupart des traitement cancéreux standard, est moins onéreux et a moins d’effets secondaires".
Selon ces chercheurs, le Botox peut constituer un traitement complémentaire pour les malades dont le cancer du l’estomac est inopérable ou ceux qui ne répondent plus à la chimiothérapie.
Ils estiment également que la dénervation contre la croissance des cancers devrait probablement avoir une efficacité contre d’autres cancers, comme la prostate, qui nécessitent plus de recherches.
Le cancer de l’estomac est le quatrième cancer le plus fréquent et la deuxième cause de mortalité de cette maladie dans le monde.