L’Algérie et son obsession marocaine

Après le grand coup de tonnerre incarné par le reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara qui clôture une série de performances diplomatiques marocaines, la diplomatie algérienne a donné cette impression d’avoir répliqué à cette nouvelle donne en tentant d’activer ses relais. Et ce à travers deux axes principaux.

Le premier est à trouver dans la tournée africaine que le ministre algérien des affaires étrangères Sabri Boukadoum avait effectuée et qu’il avait débutée opportunément par une visite en Afrique du Sud, un des rares pays  sur le continent encore à soutenir la vision algérienne du séparatisme marocain.

Dans un exercice d’illusions de de démagogie manifeste, le ministre des affaires étrangères  algérien avait tenté d’inscrire cette tournée sous le slogan fort séduisant de défense des intérêts de l’Afrique au sein du conseil de sécurité. Il reprend une des demandes récurrentes pour que l’Afrique ait voie au chapitre au sein de cette gouvernance mondiale inéquitable et puisse disposer de deux sièges permanents.

Mais personne n’était dupe de cette stratégie. Il ne s’agissait en fait que d’une couverture politique pour tenter de labourer un terrain africain qui avait progressivement, sous les coups de boutoir de la diplomatie marocaine, abandonné les délires algériens sur le séparatisme marocain pour rejoindre une posture réaliste et rationnelle portée par le Maroc.

Cette tournée africaine du ministre algérien des affaires étrangères est passée presque inaperçue. Avec très peu d’échos médiatiques à l’internationale, seuls les médias algériens aux ordres et quelques sites d’information sympathisants ont tressé des lauriers gros comme des sabots à d’hypothétiques succès sur « un retour triomphal » de la diplomatie algérienne en terre africaine.

Le second axe de ce réveil algérien est à trouver dans le marais marécageux des lobbyistes de Washington où l’argent du pétrole était à l’œuvre pour acheter les consciences et les stratégies d’influence. Ainsi face à la reconnaissance américaine du Sahara marocain et à l’occasion de l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, trois voix se sont distinguées pour demander au nouveau président américain de revenir sur la décision de Donald Trump : son ancien conseiller à la sécurité John Bolton tombé en disgrâce, James Baker une ancienne gloire républicaine tombée dans l’oubli et le sénateur républicain James Inhofe, un lobbyiste assumé d’Alger pour porter la cause du Polisario auprès de l’administration américaine.

Hélas pour la diplomatie algérienne, si l’activisme sur commande de ces trois personnages peut encore aider à fabriquer quelques titres d’actualité éphémères susceptibles de provoquer quelques frisson et donner encore du grain à moudre pour les milieux hostiles au Maroc, il est loin de réaliser les fantasmes de la diplomatie algérienne de voir Joe Biden supprimer d’un trait de plume la décision historique de l’administration américaine de reconnaître la pleine souveraineté marocaine sur son Sahara.

Joe Biden et son secrétaire d’Etat Antony Blinken ont dévoilé leurs stratégies à l’international face à la Russie, aux pays du Golfe, à l’Union européenne oo la chine, cette reconnaissance de la marocanité du Sahara fait partie des grandes décisions de l’ancienne administration que l’actuelle ne remettra pas en cause. Bien au contraire, elle veillera à la mettre en pratique avec une grande diligence au nom d’une conviction de plus en plus partagée que le conflit du Polisario devient une source de menaces sécuritaires et d’instabilité régionale. Pour Donald Trump comme pour Joe Biden, le plan marocain d’autonomie du Sahara est la seule issue à cette crise.

Ce n’est un secret pour personne. L’animosité à l’égard du Maroc et de son unité territoriale est depuis longtemps le seul dossier diplomatique qui anime le régime algérien. Sa parole et son activisme sont absents de toutes les crises régionales. Sourd et muet à l’égard des grandes préoccupations du monde, il ne retrouve une dynamique que pour porter atteinte aux intérêts de son voisin de l’Ouest dont il perçoit, à tort, la bonne santé économique, la stabilité politique et le leadership régional comme une menace vitale pour sa survie et sa raison d’être.

Cette posture est si imbriquée dans l’ADN de la diplomatie algérienne qu’elle veille à chaque fois à conditionner ses relations avec la France, l’Europe et les pays arabes en fonction de leurs tendances à compliquer ou à ralentir les succès diplomatiques marocains.

 

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