Joe Biden, des espoirs et des craintes
Alors que le président sortant Donald Trump donne des signes de reconnaissance de sa défaite devant le démocrate Joe Biden, éloignant de plus en plus le scénario d’une transition politique cauchemardesque, le monde entier retient son souffle pour voir à quelles révisions et à quelles ruptures la nouvelle administration américaine va opérer.
L’attente est à la hauteur des fractures diplomatiques que le mandat de Donald Trump avait provoqué aussi bien avec les alliés qu’avec les adversaires créant un jeu solitaire de la diplomatique américaine dans le monde. Ce qui e a eu le don de faire reculer l’esprit multilatéral qui gérait les rapports internationaux et protégeait le monde de grandes déflagrations.
Premier espace politique à se réjouir de la physionomie de la nouvelle administration américaine, l’Union européenne. Durant tout le mandat Trump, cet espace politique ne savait plus s’il était encore un allié des États Unis ou son concurrent. Il faut rappeler que Donald Trump avait débuté sans mandat en apportant un soutien politique très actif au Brexit, opération qui affaiblissait l’Union européenne et l’obligeait à des contorsions et des négociations ardues pour sauver ses équilibres.
Donald Trump s’est aussi donné un malin plaisir à soutenir et à inspirer toutes les forces de l’extrême droite et du populisme du vieux continent qui voyaient dans son élection la validation de leurs ambitions à accéder au pouvoir.
Les Européens attendent de Joe Biden aussi qu’il apaise les relations au sein de l’alliance atlantique en état de mort cérébrale pour reprendre le diagnostics du président Emmanuel Macron. Sous le mandat Trump, l’OTAN a vécu des moments de remise en cause existentielle au point que les Européens font avancer leurs réflexions sur leur autonomie stratégique pour ne plus dépendre dans l’avenir du parapluie protecteur américain.
C’est dans ce sens que l’administration Biden aura à opérer un tournant dans sa relation et sa perception de la Turquie du président Erdogan. Ce dernier a choisi de mener une politique en total contradiction avec les intérêts de ses alliés. D’abord par l’acquisition du sytème anti-défense arien russe S-400 qui met en péril l’arsenal militaire de l’OTAN. Ensuite en pratiquant une politique de défiance militaire et de chantage aux réfugiés à l’égard de ses voisins européens au point que ces derniers pensent à imposer des sanctions économiques contre la Turquie pour la dissuader de sa politique agressive a l’égard de ces voisins.
A l’égard du Proche-Orient, l’équipe Biden est plus attendue plus sur un rééquilibrage que sur de puissants retournements de situations. Au cours de sa campagne, Jo Biden avait solennellement affirmé qu’il ne reviendrait pas sur le transfert de l’ambassade américaine de Tel-aviv à Jérusalem mais qu’il compte s’ouvrir sur les Palestiniens pour les intégrer dans la solution des deux Etats à laquelle, comme les Européens, il croit encore comme une issue à cette crise entre Israéliens et Palestiniens. L’administration Joe Biden reprendra et encouragera un élément de l’héritage Trump qu’il le juge positif, à savoir la dynamique de normalisation entre Israël et les pays arabes. Biden estime que ce rapprochement est de nature à encourager la création d’un climat de paix dans la région.
A l’égard du monde arabe, l’administration Biden prêtera plus d’attention aux droits de l’homme que ne l’avait fait Donald Trump qui avait passé cette question par pertes et profits au nom de l’intérêt supérieur américain. C’est dans ce contexte qu’il faut s’attendre à des grincements de dents et à de la friture en ligne dans les relations entre L’administration Biden et un grand pays du Golfe comme l’Arabie Saoudite ou l’Égypte. L’équipe Biden a déjà fait savoir qu’elle ne restera pas silencieuse sur les violations de droits de l’homme et les arrestations arbitraires. Et qu’elle calibrera le niveau de sa relation avec ces pays en fonction de leur respects des ces questions essentielles dans sa diplomatie.
À l’égard du Maroc, Joe Biden a des relations et des souvenirs personnels qui forcément vont jouer dans sa perception des enjeux de cette région. Alors qu’il était vice-président de Barack Obama , Joe Biden avait effectué une visite au Maroc, en novembre 2014, pour participer à la cinquième édition du Sommet Global de l’Entrepreneuriat (GES) organisée à Marrakech. Une visite qui coïncidait avec son 72ème anniversaire. La mémoire de réseaux sociaux avait exhibé des vidéos où Joe Biden livre une déclaration d’amour pour le Maroc.
L’administration de Donal Trump avait donné à cette relation très spéciale entre le royaume du Maroc et les États Unis une ampleur qui semble inscrite dans le marbre. Comme le résume le secrétaire d’état Mark Esper à l’occasion de la signature de la feuille de route décennale (2020-2030) de coopération en matière de défense. Mark Esper avait résumé la nature de ces relations en ces termes : « nos deux nations oeuvrent, plus étroitement que jamais, pour faire face aux défis d’un environnement sécuritaire de plus en plus complexe : de la lutte anti-terroriste aux autres menaces transnationales, en passant par la sécurité régionale et les défis stratégiques globaux ».
Il faut rappeler dans ce contexte mouvant que Le Maroc est aussi le premier bénéficiaire en Afrique des fonds publics américains de la Millenium Challenge Corporation (MCC).