Force africaine au Mali: Bamako et Niamey regrettent un « recul » de l’ONU

Le Mali et le Niger ont regretté dimanche un "recul" de l’ONU concernant une intervention armée africaine dans le Nord malien occupé par des islamistes armés, après le rapport de Ban Ki-moon au Conseil de sécurité alertant sur les risques d’un recours à la force.

Evoquant ce rapport du secrétaire général de l’ONU, le président nigérien Mahamadou Issoufou et son homologue malien Dioncounda Traoré ont déploré "un recul d’autant plus regrettable que les conditions d’existence des populations vivant sous le joug des groupes terroristes étrangers" dans le nord du Mali se sont "considérablement dégradées", selon le communiqué publié à l’issue de leur rencontre à Niamey.

Les "risques" d’une opération armée africaine "ponctuelle, encadrée et supervisée par la communauté internationales ont été cernés" et "ne sauraient en aucune manière constituer un obstacle à l’impératif de libération des populations maliennes" qui subissent "un martyr", ajoute le texte.

Après l’Union africaine, le Conseil des ministres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), réuni à Abidjan, a lui aussi regretté dimanche un "déphasage" de l’ONU par rapport à "l’urgence" à agir au Mali.

Dans un rapport adressé le 28 novembre au Conseil de sécurité, Ban Ki-moon a considéré qu’une intervention militaire dans le nord du Mali serait "sans doute nécessaire en dernier recours contre les plus extrémistes" des groupes armés. Mais il a mis en garde sur les risques du recours à la force sur la situation humanitaire et les chances d’une solution politique.

Le 11 novembre à Abuja, la Cédéao a approuvé l’envoi d’une force militaire de 3.300 hommes soutenue sur le plan logistique par des pays occidentaux. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer en décembre sur cette intervention, en se fondant notamment sur le rapport de M. Ban.

"Nous devons agir vite", toute l’Afrique de l’Ouest "est concernée" et, au-delà, l’enracinement de "terroristes" est une "menace à la paix et à la sécurité internationales", a plaidé dimanche le président du Niger.

Le président malien a affirmé que le recours à la force était une nécessité face aux "terroristes étrangers" occupant le nord de son pays, tels Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Et le dialogue ne peut avoir lieu avec les autres mouvements que s’ils renoncent à certaines de leurs revendications, a-t-il expliqué.

Selon M. Traoré, en "préalable au dialogue", la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, laïc) doit ainsi "renoncer à l’indépendance et à l’autodétermination" et Ansar Dine, l’un des mouvements islamistes armés occupant le Nord, doit abandonner la charia (loi islamique), qu’il applique avec une extrême rigueur dans les zones sous son contrô le.

Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, a engagé des négociations à Ouagadougou avec Ansar Dine et le MNLA.

Il doit recevoir lundi à Ouagadougou le ministre malien des Affaires étrangères Tiéman Coulibaly pour lui soumettre un "agenda de pourparlers" avec ces deux mouvements touareg.

Face à une situation toujours "critique" dans le nord du Mali, il s’agit de "trouver un cadre pour engager le processus de dialogue direct entre les parties", a déclaré M. Compaoré dimanche à Ouagadougou, s’exprimant devant la presse à l’occasion des législatives et municipales dans son pays.

Une délégation d’Ansar Dine en provenance d’Alger est arrivée dimanche dans la capitale burkinabè, où des émissaires du MNLA venus de Mauritanie sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi, a-t-on appris de source proche de la médiation.

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