Coronavirus: le SOS de DSK pour l’Afrique

L’OMS a été la première à tirer la sonnette d’alarme. L’Afrique « doit se préparer au pire » face à la propagation du coronavirus. Ni la pseudo barrière climatique ni les faibles chiffres de détection du virus actuellement constatés et sans doute sous-estimés ne vont la protéger de la catastrophe sanitaire qui touche tous les continents. Mais dans le grand capharnaüm du confinement général et du chacun pour soi, qui s’intéresse encore au sort de l’Afrique ? Qui veut lui apporter son aide quand l’urgence est partout et ébranle les pays les plus développés ?

Dominique Strauss-Kahn est l’une des rares voix en France et dans le monde à s’élever contre ce mur d’indifférences et d’égoïsmes nationaux. Dans une tribune à l’hebdomadaire « Jeune Afrique« , l’ancien ministre français des Finances, qui conseille aujourd’hui plusieurs gouvernements africains en matière économique et financière, met en garde contre les ravages humains, économiques et sociaux que peut provoquer la pandémie de coronavirus dans un continent vulnérable et mal équipé en infrastructures sanitaires, et les effets dominos qu’elle peut provoquer dans le monde entier.

Le choc va d’abord toucher les populations peu ou mal protégées par un système de santé fragile et affaiblies par les récentes vagues épidémiques, comme Ebola. Cette fragilité sanitaire, note DSK, a été accentuée par la crise écologique du réchauffement climatique qui a provoqué de multiples désastres. Sécheresses, cyclones, invasions de criquets… ont affecté plusieurs régions de l’Afrique.

Mais la principale vulnérabilité de l’Afrique reste la pauvreté. Malgré le miracle économique de ces cinq dernières années où le continent a connu une croissance record et un développement souvent spectaculaire, l’Afrique subsaharienne reste étranglée par l’endettement qui a plus que triplé en moins de 7 ans (30% en 2012 à 95% fin 2019), déplore l’ancien patron du FMI.

La chute du cours de l’énergie et des matières premières, l’effondrement de la production et des exportations et l’assèchement des revenus du tourisme que provoque la pandémie asphyxient toute l’économie africaine, dégradent les conditions de vie et rendent illusoire le remboursement de la dette. Avec pour conséquence, écrit DSK, l’augmentation de la pression migratoire vers l’Europe :  » Ce ne sont plus des dizaines de milliers de migrants qui tenteront de rejoindre l’Europe mais des centaines, voire des millions ».

« Une crise planétaire requiert une réponse mondiale »

L’ancien directeur général du FMI, qui a été au centre de la coordination planétaire des économies pour juguler la grande crise financière de 2008, dénonce les tentations de repli nationaliste initié par D. Trump. « Au niveau mondial, la riposte suppose une coordination planétaire analogue à celle qui a permis de surmonter la crise des subprimes et des décisions collectives de soutien économique doivent être prises comme cela a été le cas avec succès lors du G20 en avril 2009. Même si la coopération économique multilatérale n’est pas au goût du jour depuis 2016, elle est plus que jamais indispensable. »

Pour l’Afrique, l’effort passe selon DSK par « une annulation massive de la dette des pays les plus pauvres » (sur le modèle du programme pays pauvres très endettes de 2005) et sur la mise en place par le FMI de prêts à taux zéro qui ont favorisé la croissance de ces dernières années.

« La communauté internationale ne peut pas laisser le coronavirus, les égoïsmes nationaux et les guerres commerciales entre les puissants faire dérailler la croissance du continent ». Et d’adjurer l’Europe d’être à la tête de ce combat sous peine « d’un recul considérable dans la coopération entre les deux continents notamment sur les questions migratoires et la lutte contre le terrorisme ».

Cet appel au soutien de l’Afrique et à la coopération multilatérale face à la crise s’inscrit dans le droit fil de l’action que DSK a menée à la tête du FMI.

« Pour l’Afrique, il faudra réunir autour d’un même compromis les leaders du continent, divers créanciers privés, les banques régionales, les institutions de Bretton Woods, le Club de Paris, la Chine et les philanthropes qui ont déjà appelé à créer des fonds dédiés à l’Afrique comme Jack Ma ou Mohamed Bouamatou », préconise-t-il.

« Qu’il s’agisse d’un décalage dans la diffusion du virus ou d’une faiblesse du recensement, il est illusoire de croire que l’Afrique restera durablement à l’Abri », avertit l’ancien ministre.

 

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