Attaque « terroriste » contre des soldats français au Mali pendant le sommet de l’UA en Mauritanie
Des soldats français de l’opération Barkhane ont été visés dimanche par une attaque « terroriste » à Gao au Mali, qui a fait quatre morts et une vingtaine de blessés civils, en plein sommet de l’Union africaine (UA) en Mauritanie voisine qui doit également se pencher sur les questions sécuritaires.
A Paris, l’état-major français des armées a annoncé dimanche soir que quatre soldats français de la force Barkhane ont été blessés dans l’attaque. Il y a eu "quatre blessés chez Barkhane" et au moins deux morts et une vingtaine de blessés chez les civils, a indiqué l’état-major à l’AFP.
"Le terrorisme a encore lâchement frappé au Mali". "Des civils ont perdu la vie et des militaires français sont blessés", a tweeté la ministre française des Armées, Florence Parly.
Selon une source militaire occidentale, "des militaires français de la force Barkhane (4.000 hommes, NDLR) sont tombés ce dimanche dans une embuscade tendue par des terroristes à la sortie qui mène vers la localité de Bourem".
"C’est une patrouille de l’opération Barkhane qui a été visée par une voiture piégée conduite par un kamikaze (…) de Gao", a déclaré de son côté une habitante de la ville. "Très vigilant, un blindé lui a barré la voie et le véhicule kamikaze s’est fait exploser", a déclaré Fatouma Wangara.
"Le véhicule bourré d’explosifs a fait beaucoup de dégâts", selon une source hospitalière à Gao, principale ville du nord du Mali.
D’autre part, un véhicule du Mouvement pour le salut de l’Azawad, (MSA, issu de l’ex-rébellion à dominante touareg) "a sauté sur une mine (dimanche) dans le village de Talataye (nord du Mali). Le bilan est de quatre morts et trois blessés", a écrit le MSA sur sa page Facebook.
Présents sur la frontière entre le Mali et le Niger, le GATIA (Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés, pro-Bamako) et le MSA participent à des opérations de sécurisation aux côtés de la force Barkhane et de l’armée malienne.
Ces attaques soulignent la situation sécuritaire fragile qui prévaut au Mali qui se prépare pour une élection présidentielle le 29 juillet.
Elle a eu lieu alors que le sommet de l’UA est entré dans le vif des débats dimanche à Nouakchott, deux jours après un attentat suicide perpétré vendredi à Sévaré, dans le centre du Mali, contre le QG de la force conjointe du G5 Sahel lancée en 2017.
Le président français Emmanuel Macron doit rencontrer lundi à Nouakchott, en marge du sommet de l’UA, ses homologues du G5 Sahel, une organisation régionale regroupant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.
En fin de sommet, M. Macron discutera avec ses homologues du G5 Sahel de la lente montée en puissance de la force conjointe mise en place par cette organisation régionale pour lutter contre les jihadistes.
La France, qui conduit dans la région l’opération Barkhane, soutient ce projet, y voyant un possible modèle de prise en main par les Etats africains de leur propre sécurité.
Mais sa mise en oeuvre est pour l’instant marquée par les problèmes de financement et les accusations de violations des droits de l’homme par les troupes de la force conjointe, basée au Mali.
Pour le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, l’attentat perpétré vendredi contre le QG de la force du G5 Sahel démontre qu’il "y a encore énormément de failles" dans la sécurité qui doivent être "corrigées". L’attaque, qui avait fait trois morts, dont deux militaires de la force du G5 Sahel, "touche le coeur de notre système de sécurité, l’état-major (de la force conjointe du G5 Sahel) installé (à Sévaré). C’est un message envoyé par les terroristes en ce moment précis, moment où nous nous organisons pour stabiliser, sécuriser notre région".
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a revendiqué l’attentat de Sévaré.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.
Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013 d’une intervention militaire française.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et internationales, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.