Algérie, le régime pyromane

A l’approche du 22 février célébrant le second anniversaire du lancement du Hirak algérien, une gigantesque contestation populaire qui avait barré la route a un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, les militaires algériens, qui détiennent le pouvoir réel dans ce pays depuis de décennies, doivent aiguiser leur arsenal de répression pour pour faire taire la moindre protestation politique.

Il est vrai que pour survivre à la premier vague de contestation, ces militaires algériens assoiffés de pouvoir et de prébendes ont été obligés de sacrifier momentanément la branche présidentielle, leur vitrine malade pour se maintenir au pouvoir.

Ce fut un jeu d’illusion d’optique opportunément aidé par la pandémie du Coronavirus qui leur a permis d’exporter cette impression de calme. Ce jeu leur a permis la mise en scène du président Abdelmajid Tebboune, devenu au fil des semaines une marionnette aux mains du nouveau patron de l’armée algérien Said Changriha.

Aujourd’hui, la crise algérienne s’est empirée en comparaison de la situation qui prévalait avant février 2019. Covid oblige, la rente pétrolière a fondu au contact de la pandémie. La capacité du régime algérien à acheter la paix sociale s’en trouve très amoindrie. Les multiples crises organiques de logements, de santé, d’éducation, de pouvoir d’achat des Algériens s’en trouvent durablement aggravées. Aujourd’hui plus que jamais, le rêve obsessionnel de la jeunesse algérienne est l’immigration vers d’autres cieux. Un comble pour un pays pétrolier, l’un des plus riches du continent africain.

Les bisbilles à la tête de l’Etat sur la maladie du président Tebboune et ses multiples séjours en Allemagne ont participé à gripper la machine militaire aux commandes. L’amateurisme béant avec lequel la pandémie du Coronavirus et le fiasco de la campagne de vaccination est traitée en Algérie montre au mieux une incompétence atavique au pire une indifférence naturelle de ce que la plupart des voix critiques du régime algérien notamment sur les réseaux sociaux appellent « le gang  au pouvoir ».

Et justement, c’est cette notion de « gang » organisé comme un systèmes mafieux qui est capable d’envisager toutes les solutions extrêmes pour s’accrocher au pouvoir qui justifie tous les dérapages présents et à venir .

Faut-il rappeler que cette même équipe actuellement pouvoir composé des Changriha /Toufik et autre Khaled Nezzar, qui était aux commandes du pays quand avait éclaté la sanglante décennie noire et toutes ses horreurs étaient le prix à payer pour les Algériens pour que ce que l’opposition algérienne appelle « le Gang » puisse se maintenir au pouvoir.

Lire aussi: L’Algérie et son obsession marocaine

Il y a toute une littérature qui tend à démontrer que parmi les groupes terroristes les plus sanglants se trouvaient ceux, créés, financées et mis sur orbite par la sécurité militaire algérienne dans le seul objectif est de justifier  son maintien au pouvoir. En plus de son implication prouvé dans cette séquence, de nombreuses questions demeurent notamment l’assassinat des moines de Tibhirine enlevés en mars 1996, les attentats de Saint-Michel à Paris en juillet 1995, l’avion d’Air France détourné en Algérie en décembre 1994, ou encore le Sahel.

Un régime algérien, qui dispose de cette culture comme mode de comportement et de gestion de crise, est capable de tous les excès à l’égard de son peuple et de son voisinage. Sa dernière cartouche est d’adopter un antisémitisme d’Etat dans le seul espoir de chatouiller les populistes algériens dans le sens du poils et de diriger des campagnes de dénigrement d’une rare bassesse contre les institutions du Maroc.

La grande crainte pour les Algériens qui aspirent à manifester pacifiquement pour leurs droits politiques et économiques est de voir ce régime préférer plonger le pays dans une guerre civile plutôt que de céder une parcelle de son pouvoir.

La grande angoisse des pays voisins de l’Algérie est de voir ce régime adopter une posture pyromane avec la stratégie acculée de détourner l’attention nationale vers un ennemi  extérieur et espérer créer une union autour de sa politique et rendre indispensable son maintien au pouvoir.

Au fil des événements, ce régime algérien commence  à apparaître sous les traits d’un véritable danger par la paix civile algérienne et  régionale. Non seulement il pratique une politique économique et sociale qui remplie au quotidien les bateaux de l’immigration clandestine en direction de l’Europe, mais il fait craindre aussi une attitude suicidaire pour se maintenir au pouvoir.

Lire aussiLe Maghreb et le Polisario, l’heure des choix

L’explosion sociale et politique est redoutée à n’importe quel moment au point que certains pays européens commencent déjà à envisager des scénarios à la syrienne qui verraient des vagues de réfugiés algériens s’éparpiller dans la région et menacer la stabilité de ces pays.

Aujourd’hui plus que jamais, la communauté internationale, de la même manière qu’elle se mobilise pour les iraniens, syriens irakiens ou libanais,  doit se mobiliser pour jeter la lumière sur les attitudes de cette institution militaire algérienne,  venir en aide  au peuple algérien pris en otage depuis des décennies par une junte militaire qui n’a rien à envier en termes d’autoritarismes, d’autisme politique et de pulsions suicidaire aux mollahs iraniens ou au pouvoir en Corée du Nord.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite