Affaire Battisti : Rome rappelle son ambassadeur à Brasilia pour consultations

Rome a décidé, vendredi, de rappeler pour consultations son ambassadeur à Brasilia, en protestation contre la libération de l’ancien militant d’extrême gauche, Cesare Battisti, condamné en Italie à la réclusion à perpétuité pour meurtres, annonce un communiqué du ministère italien des affaires étrangères.

La Cour suprême du Brésil avait rejeté, mercredi, la demande italienne d’extradition de Battisti, 56 ans, condamné par contumace en 1993 pour quatre meurtres et pour complicité de meurtres commis en 1978 et 1979, crimes dont il se dit innocent.

Le rappel de l’ambassadeur au Brésil a été décidé par le ministre italien des affaires étrangères, Franco Frattini, "pour approfondir avec le concours des autres instances compétentes les aspects technico-juridiques relatifs à l’application des accords bilatéraux existant, en prévision des initiatives et recours à entreprendre auprès des instances judiciaires internationales ", précise le communiqué.

Plusieurs responsables italiens dont le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi et Frattini avaient estimé, jeudi, que la décision de la justice brésilienne était "en contradiction avec les obligations découlant des accords internationaux qui lient les deux pays".

L’Italie et le Brésil sont liés par un accord d’extradition.

Berlusconi avait considéré que cette décision "ne tient pas compte de l’attente légitime que justice soit faite en particulier pour les familles des victimes de Battisti".

L’Italie est déterminée à "activer les instances judiciaires opportunes pour assurer le respect des accords internationaux qui lient deux pays unis par des liens historiques d’amitié et solidarité", avait-t-il souligné.

Dans une réaction similaire, le chef de la diplomatie italienne avait souligné que cette décision "offense le droit à la justice pour les victimes des crimes de Battisti.

Rome "utilisera tout mécanisme de tutelle juridique possible auprès des institutions multilatérales compétentes en particulier auprès de la Cour internationale de Justice de La Haye", avait-t-il indiqué.

Il avait également fait part de la volonté de son pays d’"obtenir la révision d’une décision que nous ne considérons pas comme cohérente avec les principes généraux du droit et les obligations prévues dans le droit international".

Battisti avait appartenu à l’organisation de guérilla urbaine d’extrême gauche Prolétaires armés pour le communisme (PAC). Il avait été arrêté en 1979 en Italie mais s’était évadé deux ans plus tard. Il a vécu ensuite en France jusqu’en 2004, avant de s’enfuir au Brésil lorsque la justice française avait donné son feu vert à son extradition.

En 2009, la Cour suprême fédérale brésilienne avait accepté de l’extrader mais, dans un jugement controversé, avait laissé l’ex-président Lula décider en dernier ressort.

Ce dernier avait rejeté cette extradition le 31 décembre 2010 provoquant une crise diplomatique entre les deux pays qui s’était traduite, début janvier, par le rappel, une première fois, par Rome de son ambassadeur à Brasilia pour consultations.

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