Décès de Mohamed Arkoun: Driss Yazami salue « l’oeuvre gigantesque de l’un des plus grands penseurs du Monde musulman »
"Sa culture et son ouverture sur les sciences humaines l’ont singularisé. C’était un des plus grands penseurs qui renouvelait la pensée musulmane et qui nous ouvrait des horizons extraordinaires", a-t-il déclaré à la MAP.
Cet islamologue franco-algérien, décédé mardi soir à Paris à l’âge de 82 ans, "était un grand anthropologue, historien et sociologue de la religion, en plus de sa connaissance intime du dogme religieux musulman, ce qui lui permettait d’avoir un regard innovant sur notre propre histoire", a précisé le président du CCME.
M. Yazami, qui a connu et côtoyé le défunt à Paris depuis 1979, a affirmé qu’ils avaient en commun "une interrogation comparable: celle de penser comment l’islam européen peut s’acclimater et s’intégrer dans le contexte particulier des pays européens".
"J’ai eu le plaisir de bénéficier de son éclairage sur cette question stratégique qui reste, d’ailleurs, d’actualité aujourd’hui", a souligné le président du CCME.
Concernant l’apport du défunt au dialogue des cultures et des religions, M. Yazami a souligné que "pour dialoguer, il faut non seulement avoir une connaissance intime de son histoire et de sa genèse, mais aussi une grande connaissance des autres cultures, surtout les progrès immenses que l’humanité a faits en sciences humaines".
"Le défunt faisait partie de cette génération de penseurs qui avaient ces connaissances", a-t-il ajouté.
Mohamed Arkoun, qui a développé la discipline "Islamologie appliquée" dans diverses universités européennes et américaines, avait quitté sa Kabylie natale (Algérie), pour poursuivre ses études supérieures en France où il a choisi s’installer définitivement.
Professeur émérite d’histoire de la pensée islamique à l’Université de la Sorbonne (Paris III) depuis 1993, Mohamed Arkoun a à son actif plus d’une quinzaine d’ouvrages dont une somme encyclopédique, sous sa direction, sur l’"Histoire de l’islam et des musulmans en France: Du Moyen-Age à nos jours".
Selon le Père Christian Delorme, son ami de longue date, feu Mohamed Arkoun était "très attaché" au Maroc où il pouvait "exprimer librement sa pensée". Il était, d’ailleurs, à plusieurs reprises l’invité de débats télévisés traitant de la pensée islamique, du dialogue des cultures ou de l’islam en Europe.
(Source MAP)