Grand prix d’Australie : la F1 en quête de spectacle
La Formule 1 est partagée entre conservatisme et quête de +show+, après un premier Grand Prix à Bahreïn qualifié d' »ennuyeux » par de nombreux pilotes, en dépit des changements de règles censés améliorer la qualité du spectacle en 2010.
La mesure, combinée au rétrécissement des pneus avant, a été prise pour raviver l’intérêt des épreuves. En 2009, seule une demi-douzaine de GP sur dix-sept se sont avérés mouvementés, la plupart du temps à cause d’une météo pluvieuse modifiant les plans des leaders.
Mais sa mise en pratique bahreïnie a accouché d’une course linéaire d’autant plus décevante qu’une lutte serrée était annoncée entre Red Bull, Ferrari, Mercedes et McLaren.
C’est l’Allemand Michael Schumacher, sorti de sa retraite dorée, qui a planté les premières banderilles. "Dépasser est impossible, à part si quelqu’un fait une erreur", a déploré le septuple champion du monde après sa 6e place à Sakhir.
"Cela n’augure rien de bon pour tous les GP du calendrier où les écuries suivront toutes les mêmes stratégies d’un seul arrêt aux stands", a embrayé Mark Webber (Red Bull), 8e à Sakhir, qui s’est dit "choqué par la difficulté de dépasser".
Les mêmes commentaires aigres ont débarqué à Melbourne, jusqu’à ce que Fernando Alonso (Ferrari), vainqueur à Bahreïn, se montre "surpris d’entendre toutes les critiques sur les règles".
"On est en F1, pas dans le Cirque du Soleil", a affirmé l’Espagnol. "Celui qui veut voir un autre spectacle, des accidents, des voitures de sécurité, de la pluie, qu’il cherche un autre sport."
"Il y a toujours cette question fondamentale sur la pureté de la F1 par opposition au spectacle", a opiné Martin Whitmarsh, le patron de McLaren, vendredi.
"La Formule 1 a grandi et s’est développée comme le sommet du sport automobile : les voitures les plus technologiquement avancées, les meilleurs pilotes, les meilleures équipes", a expliqué le Britannique.
"Si vous mettez un groupe de hooligans sur la piste, il y aura sûrement plus d’évènements qui vont se produire. Mais ça ne sera pas la F1", a-t-il remarqué, désireux de "s’assurer qu’en recherchant le spectacle, nous ne détraquions pas" la discipline.
"Il y a une idée fausse sur la F1 qui dit qu’il faut beaucoup de dépassements. Je la regarde depuis que je suis enfant et je ne peux pas me rappeler une saison où il y en ait eu beaucoup", a commenté Christian Horner.
Et le patron de Red Bull d’oser une métaphore tennistique : "Wimbledon présentait souvent un jeu de service-volley qui était sans conteste ennuyeux. Mais il n’ont pas recouvert les courts de béton pour autant. Et les gens y retournent."
"Nous verrons cela avec ce Championnat. Il y aura des tournants. Nous verrons de bonnes courses, trépidantes, et d’autres plus statiques", a-t-il ajouté.
"Je ne comprends pas pourquoi nous devrions parler du négatif après seulement une course", s’est étonné Stefano Domenicali, le patron de l’écurie Ferrari, qui a appelé à "se concentrer sur les aspects positifs de cette année".
"Il y a des équipes qui sont très proches. Beaucoup de pilotes peuvent devenir champions. C’est cela que nous devons promouvoir", a assuré l’Italien.
AFP