Mais cette trouvaille n’est finalement pas si étonnante: au fil des ans, les commentaires et actions du dirigeant libyen concernant l’ex-cheffe de la diplomatie américaine ont suscité quelques froncements de sourcils.
Ainsi en 2007, quand le colonel Kadhafi avait laissé entendre dans un entretien à la chaîne panarabe Al-Jazira que Mme Rice exerçait une influence considérable sur le monde arabe.
"Je soutiens ma chère femme noire africaine", s’était-il enthousiasmé. "J’admire et je suis très fier de la façon dont elle se détend et donne des ordres aux dirigeants arabes. (…) Leezza, Leezza, Leezza (…) Je l’aime vraiment beaucoup. Je l’admire et je suis fier d’elle, parce que c’est une femme noire d’origine africaine".
En 2008, Kadhafi avait eu l’occasion de rencontrer Condoleezza Rice en visite historique en Libye dans le cadre de la normalisation des relations entre Tripoli et Washington.
Le "Guide" libyen avait reçu la secrétaire d’Etat dans sa résidence, la même que le président américain Ronald Reagan avait fait bombarder en 1986 à la suite d’un attentat attribué à Tripoli. Kadhafi s’était adressé à Mme Rice en l’appelant "Leezza", alors que ses proches emploient plutôt "Condi", selon des collaborateurs de l’intéressée.
Durant la visite, Kadhafi a couvert de cadeaux sa chère "Leezza": une bague en diamants, un luth, un médaillon renfermant un portrait de lui et un exemplaire dédicacé du "Livre vert", le manifeste politique dans lequel il explique sa "troisième théorie universelle pour une nouvelle société démocratique".
Valeur totale estimée des présents: 212.000 dollars (147.000 euros). Mais les responsables américains n’étant pas autorisés à garder les cadeaux offerts par des dirigeants étrangers, les objets finissent généralement dans un entrepôt, certains étant parfois exposés des années après dans les bibliothèques présidentielles.
L’album de photos découvert mercredi dans la forteresse de Bab Al-Aziziya à Tripoli contenait plusieurs clichés de Condoleezza Rice. Sollicitée par l’Associated Press, l’ex-secrétaire d’Etat n’a pas retourné les appels.
A Washington, la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, a aussi été questionnée et n’a pas caché son dégoût. "Je n’ai pas besoin de voir les photos", a-t-elle dit. "Mais ‘bizarre’ et ‘effrayant’ décrivent bien le comportement de Kadhafi la plupart du temps. Ce n’est donc pas une surprise pour moi. Mais c’est profondément bizarre et profondément effrayant si c’est comme vous l’avez décrit", a-t-elle réagi.