"Nous sommes sûrs que Brahimi échouera comme les autres émissaires avant lui, mais nous ne voulons pas être tenus responsables de cet échec", a affirmé à l’AFP le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire rebelle à Alep (nord), en référence notamment à Kofi Annan, prédécesseur de M. Brahimi.
"Nous sommes convaincus qu’il va échouer parce que la communauté internationale ne veut pas en réalité aider le peuple syrien", a-t-il expliqué, en référence des divisions internationales qui empêchent de sanctionner le régime de Damas.
Il s’exprimait à la suite d’entretiens via Skype entre le médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe, et des dirigeants rebelles comme lui-même, le colonel Qassem Saadeddine, porte-parole de l’Armée syrienne à l’intérieur, et le colonel Khaled Hobous, chef du conseil militaire rebelle de Damas.
"Nous avons discuté de la situation générale en Syrie, notamment des destructions occasionnées par le régime", a-t-il dit, précisant qu’il s’agit d’entretiens "préliminaires" avec l’émissaire qui a pris ses fonctions le 1er septembre.
Le ‘président syrien défunt "Hafez al-Assad a pris le pouvoir par la force, ce régime dirige le pays par la force et il ne peut être renversé que par la force", a souligné le colonel rebelle en référence au clan Assad au pouvoir depuis 40 ans.
Les rebelles affirment avoir pris les armes pour défendre la population civile contre la répression sanglante de la révolte au départ pacifique contre Bachar al-Assad.
Ils critiquent la Russie et la Chine pour leur blocage de toute résolution au Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la répression du régime mais également les pays occidentaux pour leur réticence à armer la rébellion, faible en équipements face à la puissance de feu des troupes régulières.
"Quelle sorte de communauté internationale est celle-ci? Quel genre de démocratie prêche-t-elle?", s’est insurgé le colonel Oqaidi.
"Les gens sont tués en permanence dans le pays, avec tout genre d’armes destructives", ajoute-t-il.
"Nous ne voulons pas que la communauté internationale aide le peuple syrien, nous voulons seulement qu’elle retire la couverture politique dont bénéficie le régime criminel", a poursuivi le dirigeant rebelle.
M. Brahimi, qui ne cesse de répéter que sa mission destinée à trouver une solution était "très difficile", est en visite depuis jeudi en Syrie.
Après son entretien samedi avec M. Assad à Damas, M. Brahimi a tiré la sonnette d’alarme en mettant en garde contre le danger "pour la région et le monde" du conflit.
Quant à M. Assad, qui assimile la contestation à du "terrorisme", il a répété devant l’émissaire sa volonté de poursuivre sa guerre contre les rebelles.