« Nous avons gagné! » hurle Poutine devant la foule

"Nous avons gagné!", hurle Vladimir Poutine, apparemment la larme à l’oeil devant des dizaines de milliers de partisans rassemblés dimanche soir près du Kremlin pour fêter sa victoire à la présidentielle russe.

La larme a l’oeil était-elle due à l’émotion ou au vent fort qui soufflait alors sur Moscou ? "C’était une vraie larme, due au vent", affirme M. Poutine interrogé un peu plus tard à ce sujet.

"Merci mes amis, nous avons gagné dans une lutte honnête et ouverte!" lance le vainqueur de la présidentielle, d’une voix ferme qui ne semble trahir aucune émotion depuis le podium monté spécialement dans la journée sur la place du Manège.

"Je vous ai demandé un jour, si nous gagnerions?", demande-t-il au micro debout sur la scène aménagée comme pour un concert de pop star. "Oui!" reprend la foule qui crie "Poutine! Poutine!".

Des manifestants agitent des drapeaux "Hourra on a gagné!", "Poutine nous sommes avec vous!", ou "Poutine, c’est une Russie forte", tandis que d’autres tapotent des pieds pour se réchauffer par une température de -3 degrés sous quelques flocons de neige.

"Merci à tous ceux qui ont dit ‘oui’ à la grande Russie", renchérit M. Poutine vêtu d’un parka bleu et d’une chemise à col ouvert, au cô té du président Dmitri Medvedev et face à un impressionnant dispositif policier.

Et il continue, sur un ton plus ferme: "Nous avons montré que notre peuple sait faire la différence entre le désir de renouveau et des provocations politiques dont le but est de détruire notre Etat et d’usurper le pouvoir", dit-il en référence aux manifestations de l’opposition.

"La Russie a aujourd’hui montré que de tels scénarios ne se réaliseront pas sur notre terre. Ils se réaliseront ?", hurle-t-il.

"Non!" scande la foule qui agite des drapeaux et ballons aux couleurs de la Russie — blanc-bleu-rouge –, comme Sergueï Petrov, 25 ans, de Moscou, ravi de la victoire de son candidat.

A l’annonce des résultats retransmis sur des écrans géants à cô té de la scène et dans des rues adjacentes noires de monde, il n’y a pas eu d’explosion de joie dans la foule — au moins 110.000 personnes, selon la police.

Avec Poutine, "tout n’est pas parfait, mais c’est ce qu’on a de mieux depuis longtemps", estime Alexeï Krassilnikov, venu de la région de Moscou pour soutenir le vainqueur du scrutin.

Car "pour le moment, il n’y a pas d’alternative à Poutine", estime-t-il.

Même sentiment pour Mikhaïl, 55 ans, qui a voté Poutine pour la troisième fois, après les deux mandats de président effectués de 2000 à 2008.

"C’est un grand jour pour notre pays", se réjouit Natalia Koutcherova, 31 ans: "Poutine tient notre pays et il le fait bien", dit la jeune femme portant une écharpe "Russia" aux couleurs du pays.

Elle reconnaît que l’élection a été entachée de fraudes, comme l’ont attesté de nombreux témoignages dans le courant de la journée.

"Mais les élections honnêtes, ça n’existe pas", estime Mme Koutcherova.

"Il y a toujours des irrégularités, c’est partout pareil, et pas seulement en Russie. Mais pour Poutine, ça ne change rien. Que les élections soient honnêtes ou pas, c’est de toute façon lui qui gagnerait", estime-t-elle.

Contrairement à cette dernière, d’autres participants ont affirmé avoir été forcés à venir à cette manifestation.

"On ne soutient pas (Poutine). On a été forcé à venir ici par nos chefs (au travail), on a notre travail et on ne veut pas le perdre", explique un groupe de quatre ou cinq hommes d’une trentaine d’années, écharpes ou bandeau noirs sur le visage pour ne pas être reconnus.

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