Le frère aîné de Mohamed Merah a tenu à dire par la voix de son avocate, Me Anne-Sophie Laguens, qu’il n’avait "jamais dit qu’il était fier des actes de son frère" et "qu’il les condamne fermement". Le jeune homme, qui nie en bloc, a un peu le sentiment d’être un "bouc-émissaire", selon avocate.
Devant la presse, Me Laguens a expliqué que son client avait été "outré" par les informations laissant entendre qu’il s’était félicité des actes de son frère. "Il était outré forcément parce qu’il n’a jamais été fier de ses actes là".
Il a "un peu le sentiment" d’être "un peu le bouc émissaire", a ajouté l’avocate près du palais de justice de Paris où son client avait été déféré dans la matinée. Il a eu un petit peu l’impression (…) que comme on n’a pas pu faire le procès de son frère, qui n’est plus là aujourd’hui, peut-être on se reporte un peu aujourd’hui sur la seule personne qu’on a", a-t-elle dit.
Elle a confirmé que son client niait en bloc et assurait que ni lui, ni sa mère, ni son épouse n’étaient au courant des agissements de Mohamed Merah. "Personne ne savait rien", a-t-elle dit. "Son frère était quelqu’un (…) qui n’était pas toujours facile à suivre et qui était capable de certaines choses qui n’étaient pas toujours forcément prévisibles non plus".
Refusant de donner des précisions sur le fond du dossier, elle a seulement rapporté qu’Abdelakader avait avec son frère une relation "avec des hauts et des bas".
Abdelkader Merah s’est révélé "quelqu’un de très coopératif, très réfléchi et très posé", a observé son avocate. Il était "calme", "fatigué" mais "surtout soulagé de savoir que sa compagne et sa mère étaient sorties". C’est "quelqu’un qui parle beaucoup, qui est intelligent, qui est raisonné", a-t-elle confié.
Me Laguens n’a pas voulu dire où il était détenu, confirmant seulement qu’il serait "probablement isolé" et que "beaucoup de précautions" seraient prises en tout état de cause, "ne serait-ce que pour sa propre protection à lui".
Fiché comme un islamiste radical appartenant à la mouvance salafiste, Abdelkader Merah, 30 ans, avait été soupçonné un temps en 2007, sans être poursuivi, d’être lié à une filière toulousaine de recrutement de djihadistes français à destination de l’Irak, démantelée par la police française. Samedi une source proche de l’enquête avait précisé qu’il "aurait été présent au moment du vol du scooter utilisé par son frère" pour commettre les fusillades, ajoute-t-on de même source sans plus de précisions.
Dimanche matin, le procureur de la République de Paris François Molins avait annoncé dans un communiqué qu’une information judiciaire avait été ouverte contre le frère de Mohamed Merah des chefs pour lesquels il a été mis en examen.
Par ailleurs, cette information judiciaire a également été ouverte "à l’encontre de tous autres" des mêmes chefs mais également pour "complicité de tentatives de meurtres contre des policiers du RAID, personnes dépositaires de l’autorité publique (…), acquisition et détention, sans autorisation, de plusieurs armes, éléments d’armes et munitions de 1ère ou 4e catégorie, port et transport, sans motif légitime, d’armes, éléments d’armes ou munitions de 1ère ou 4e catégorie".
Le parquet de Paris a ensuite précisé que quatre juges antiterroristes avaient été co-saisis.
La compagne d’Abdelkader Merah, Yamina Mesbah, 30 ans, a pour sa part été remise en liberté dimanche matin après avoir été longuement interrogée par les enquêteurs de la Sous-direction antiterroriste (SDAT). La mère de Mohamed Merah, Zoulhika Aziri, 55 ans, avait de son cô té été remise en liberté vendredi soir à Toulouse.
Yamina Mesbah "ignorait tout de la vie accessoire, complémentaire ou secrète" de son compagnon, a assuré dimanche Me Guy Debuisson, avocat de la compagne d’Abdelkader Merah.
"Si à ce stade de l’enquête aucune charge ne peut être retenue à l’encontre ni de la mère ni de la compagne dont les gardes à vue ont été levées, les investigations diligentées par les services de police ont permis d’établir à l’encontre de Merah Abdelkader l’existence d’indices graves ou concordants rendant vraisemblable sa participation comme complice à la commission des crimes en lien avec une entreprise terroriste", avait indiqué le procureur.
Les enquêteurs de la SDAT cherchent à établir d’éventuelles complicités de Mohamed Merah dans l’acquisition de son arsenal, la location de véhicules mais également pour le financement de ses voyages en Afghanistan, au Pakistan et au Moyen-Orient. Son frère et sa compagne avaient été interpellés mercredi dans leur maison d’Auterive (Haute-Garonne).