Paris offre l’ »islam de France » à l’Algérie en guise de réconciliation

Aujourd’hui, il paraît clair que dans une stratégie de vouloir absolument plaire au régime algérien, comme le montrent la visite du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian à Alger et la bénédiction donnée par le ministre de l’Intérieur et des Cultes Gérald Darmanin au pseudo Conseil national des imams de France, crée par le controversé Chems eddine Hafiz, Paris offre en guise de cadeau de réconciliation l’islam de France à l’Algérie pour s’attirer ses bonnes grâces.

Ce choix est d’autant plus hasardeux et dangereux qu’il mise sur une approche névrotique de l’islam de France qui, loin de calmer les esprits et consolider le vivre ensemble et la modération, est de nature à jeter l’huile sur le feu et exciter les antagonismes.

Le tropisme français à l’égard de l’Algérie est une évidence de plus en plus marquée. La gestion de l’’islam de France en est ainsi une illustration flagrante. Depuis l’arrivée de Gerald  Darmanin au ministère de l’Intérieur,  le virage pro-algérien dans la gestion des affaires de l’islam de France est devenu une réalité qui interroge.

Sans aucune raison logique, Gérald Darmanin a choisi de faire pencher la balance au profit des tenants d’un islam gérée ouvertement par les services secrets algériens et incarné par le très remuant et très contestable recteur de la mosquée de Paris, Chems eddine Hafiz.

Qu’importe que ce personnage ait des relations avec les services algériens et connu pour être l’avocat notoire des séparatistes du Polisario auprès des instances européennes, qu’importe que l’ambassadeur algérien proclame ouvertement que la mosquée de Paris est une propriété de l’Etat algérien, alors qu’elle a été construite en 1926 par la France avec l’aide du Maroc pour honorer les musulmans tombés sur les champs de bataille de la première guerre mondiale. Ces réalités ne semblent choquer personne au sein de la gouvernance qui gère ces questions sensibles.

Bien au contraire, Gérald Darmanin se démène comme un diable pour favoriser la domination des Algériens sur l’Islam de France. Cela passe par plusieurs actions comme celle d’établir un canal favori de communication avec la mosquée de Paris au risque de lui accorder une importance totalement démesurée qui dépasse de loin sa représentation et son rayon d’influence.

Cela passe aussi par un traitement d’enfant gâté à son recteur même s’il viole tous les usages républicains comme son évident mensonge de ne pas avoir été invité à la cérémonie du 11 novembre, provoquant des réactions politiciennes en chaîne contre le président Emmanuel Macron. Le mensonge était éhonté et flagrant et aurait nécessité en d’autres temps des explications musclées. La place Beauvau comme l’Élysée ont préféré faire l’autruche.

Bien au contraire, Gérald Darmanin récompense la mosquée de Paris en lui offrant ce que son recteur rêve de transformer en instrument de puissance et d’influence, le Conseil national des imams, alors que ce projet est confié au Conseil français du culte musulman (CFCM) par le président Emmanuel Macron en personne qui, le 2 octobre 2020, avait déclaré dans son discours aux Mureaux:  « (…) Ce que je vous décris là, ce n’est pas l’État qui le fera, en vertu même du principe de séparation, ce sera au Conseil français du culte musulman. Mais je lui fais confiance et c’est une responsabilité immense que nous lui confions ».

Conscient de sa mission, le CFCM a annoncé la création du Conseil national des imams le 9 janvier 2022. Un CNI ouvert à tous les imams de France qu’ils soient affiliés ou non à une fédération. Quant au projet du recteur de la grande mosquée, il est pour le moment une coquille vide et factice, car formé par des imams détachés par l’Algérie et quelques étudiants de l’institut européen des sciences humaines  de l’ex-UOIF, l’organisation historique des Frères musulmans en France.

Au risque d’obérer durablement l’encadrement des musulmans de France et de casser la dynamique et les choix des imams, Gérald Darmanin a préféré miser sur l’aventurisme, les incertitudes et les zones grises du projet politique et idéologique au service des intérêts algériens plutôt que de penser un projet réellement français, clair dans ses objectifs et efficace dans ses méthodes. Peu importe pour le ministère de l’intérieur que ce CNI soit démuni d’influence géographique et religieuse et soit perçu par les musulmans de France comme un ovni créé par les services algériens que comme une structure française défendant un islam de la modération et du vivre ensemble républicain.

Ces cadeaux faits par Gérald Darmanin aux tenants d’un islam algérien télécommandé depuis Alger par les services algériens se sont accompagnés d’une série d’articles de presse diffamant le Conseil français du culte musulman et son président, le Français d’origine marocaine Mohammed Moussaoui. Dans cette campagne de décrédibilisation et de déstabilisation, Chems eddine Hafiz et ses relais français ont fait appel à des cautions franco-marocaines en manque de légitimité pour justifier et renforcer leurs attaques. C’est le rôle joué dans ce scénario peu reluisant  par un certain Anaour Kbibech, proche du MUR (Mouvement Unicité et Réforme), et ses lieutenants, Amine Nejdi, Abdellah Safiri, Hassan Alaoui Talibi et Mohamed Zaidouni.

La France semble avoir fait le choix de favoriser sur son territoire les tenants d’un islam sous contrôle algérien. Ce choix est d’autant plus dangereux que le régime actuel algérien qui exerce ce contrôle et impose son agenda n’est pas connu pour investir dans la modération ou dans le vivre ensemble. Ses accointances avec les organisations terroristes sont notoirement connues depuis la décennie noire où la question « qui tue qui ? »  n’a toujours pas de réponse. Pour beaucoup de spécialistes de cette période sombre de l’Algérie, certains membres du GIA étaient des militaires en Kamis afghan. Alger le démontre encore aujourd’hui avec son jeu trouble dans la région du Sahel .

 

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