M’jid El Guerrab : « passer de la méfiance à la confiance » dans l’attribution des visas français
Député de la 9ème circonscription des Français établis hors de France (Maghreb et Afrique de l’Ouest), M’jid El Guerrab a été désigné rapporteur d’une mission parlementaire sur la politique française d’attribution des visas par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale. Entretien :
Vous avez été désigné comme rapporteur d’une mission parlementaire sur la politique française d’attribution des visas. Quelle sera votre approche pour cerner les problèmes liés à l’octroi des visas ?
M’jid El Guerrab: Nous avons pour mission d’auditer l’ensemble des acteurs concernés par cette thématique dont le nombre de demandes est en hausse constante (demandeurs de visas, centres de demandes de visas, ministères, consulats, préfectures, Campus France, Direcctes, OFII, universités, opérateurs touristiques etc…). Nous allons faire le plus de terrain possible pour comprendre ce qui ne fonctionne pas sur certains postes et pourquoi sur d’autres ça fonctionne très bien comme en Côte d’Ivoire.
Je me déplacerai avec un collègue député ou une collègue députée sur le terrain pour appréhender la complexité des enjeux qui sont inhérents à ce qui fait également la vitrine de notre pays à travers le monde. Nous ferons rapidement des propositions concrètes pour tenter d’améliorer les choses.
Comment vous expliquez ce parcours de combattant notamment pour obtenir un simple rendez-vous ?
M’jid El Guerrab: Résoudre ce problème est aussi et certainement l’une des réponses à cette « francophobie » que je vois se déployer partout en Afrique. Le premier contact avec la France doit être simple, fluide et avec le sentiment qu’il y a une confiance réciproque entre les usagers et nos postes consulaires. Les demandeurs de visas qui veulent venir en France doivent être respectés, considérés et traités comme des hôtes, des invités qui nous font l’honneur de venir en France.
J’entends la colère des usagers, des étrangers qui veulent venir en France, de tous ces Français de cœur qui ne comprennent pas, je vois aussi du ressentiment parfois qui s’exprime. Il y a aussi certainement un problème de pédagogie.
Quelle sera votre valeur ajoutée pour améliorer les conditions d’octroi des visas ?
M’jid El Guerrab: Nous représentons le pouvoir législatif, nous ne sommes pas l’Etat. Notre rôle est de contrôler l’Exécutif, d’évaluer les politiques publiques et leurs effets mais surtout de faire des propositions concrètes pour améliorer les choses. Et aujourd’hui le moins que l’on puisse dire c’est que sur certains postes, les choses sont… très améliorables.
Comme dirait un ami consul, « demander un visa, ce n’est pas un droit ouvert à tous, ce n’est pas commander une pizza ». Il y a des conditions claires et strictes à respecter. Il y a des conditions claires et strictes à respecter. Nous ne sommes pas là pour vilipender l’administration qui essaie de faire tant bien que mal son travail avec les moyens dont elle dispose. Et chaque année, comme j’ai pu le constater déjà, elle dispose de moins en moins de moyens. Nos consuls sont mêmes parfois des magiciens et réussissent à délivrer plus de visas malgré toutes les contraintes qu’on leur impose. Il faut le reconnaître et le saluer.
Par contre, dans certains endroits, il va certainement falloir inverser les choses et passer de la méfiance à la confiance, de la suspicion à la reconnaissance réciproque. Au respect tout simplement. Une personne qui a déjà obtenu un visa et qui a respecté les règles doit être considérée pour ce qu’elle est : une richesse pour notre pays. Une valeur ajoutée pour la France.