Macron, le candidat et l’Européen !

Avec deux événements majeurs que sont la présidence française de l’Union européenne et les élections présidentielles, la France aura de fortes chances de capter la tension mondiale jusqu’à oser cette prétention de faire de l’année 2022 une année française par excellence.

Au cœur de cette double performance à venir un homme, Emmanuel Macron, dont la préoccupation première aujourd’hui est de tenter d’arracher un second mandat. Macron le candidat et Macron l’Européen vont fusionner. Et si Paris avait refusé l’offre de Bruxelles de reporter la présidence française de L’UE après les présidentielles, c’est pour cause d’une volonté  manifeste d’instrumentaliser cette précieuse séquence politique au profit d’un agenda électoral.

El le candidat Macron ne se privera pas d’utiliser ces leviers européens pour se forger une posture et une image différente de ses compétiteurs. A titre d’exemples, au moment où ses concurrents de l’extrême droite doute des bienfaits de la maison commune européenne et rêvent de la démanteler, il profitera de cette présidence pour incarner la posture de l’architecte et du bâtisseur.

Sous la présidence française, l’Union Européenne aura une voix qui porte loin. En tout cas c’est l’ambition d’Emmanuel Macron. Les dernières tensions avec l’allié américain sur fond de concurrences directes sur des contrats d’armement auront leur traduction institutionnelle par une volonté française de promouvoir cette idée d’autonomie stratégique qui pose la pierre angulaire d’une armée européenne et une politique de défense propre à Bruxelles et qui se veut complémentaire et non en rupture avec celle de l’OTAN .

Avec la Russie et au moment où les relations se tendent dangereusement avec le voisinage à l’ouest, où un dialogue stratégique est lancé entre Washington et Moscou pour désamorcer cette crise, l’UE sous présidence française ne peux se contenter de demeurer dans le rôle de témoin qui attend que la fumée blanche se dégage de cette rencontre des grands . Le rapport avec la Russie est non seulement une histoire de voisinage géographique mais aussi de choix politique et d’activisme diplomatique et militaire. Comme en témoigne la fulgurante incursion du groupe paramilitaire russe Wagner en Afrique et  dans la région du Sahel après avoir imposé un nouveau rapport de force en Syrie et en Libye .

D’ailleurs l’incroyable polémique née de l’affaire du drapeau sous l’Arc de Triomphe est venue illustrer à quel point les enjeux de dépendance européenne seront au cœur de la stratégie des adversaires d’Emmanuel Macron pour l’affaiblir et à quel point l’arme européenne sera une précieuse  carte pour le président sortant pour discréditer ses challengers.

Sur le Front interne, Emmanuel Macron dont on attend incessamment l’officialisation de la candidature à l’Elysée aura à gérer un des frissons politiques les plus clivants. En effet, vu de l’extérieur, la France peut être la première puissance européenne de cette taille et cette influence à pouvoir tomber dans l’escarcelle de l’extrême droite.  En l’absence d’une gauche toujours moribonde et d’une droite qui construit difficilement son leadership, Macron croise actuellement le fer contre deux icônes de l’extrême droite, une femme Marine Le Pen et un homme Eric Zemmour .

Le contexte français intéresse au plus haut point à l’international. Avec ce sentiment de gravité que quelque chose de très important est en train de ce jour dans le pays des lumières et de voltaire. Comment gérer les excès extrémistes qui font leur miel sur la xénophobie, la haine de l’autre et de la démagogie déstabilisatrice.

Il est fort à parier que le monde entier va suivre cette élection dont l’issue est de nature à configurer l’avenir de toute une région. Devant la montée des extrêmes, devant la dangerosité de leurs idéologies, quelles réponses apporter pour éteindre les tristes passions qui se réveillent et menacent de provoquer le déluge et le chaos.

Les mauvaises langues soupçonnent la gouvernance Macron de dramatiser volontairement le danger de l’extrême droite pour pouvoir s’offrir une autoroute vers sa réélection, mais cette vision risque de souffrir d’une dangereuse simplicité qui cacherait les vrais malaises que vit la société française. Une remise en cause aussi sourde que spectaculaire du modèle social européen.

Présenté par certains comme une gigantesque bataille entre les pulsions de l’extrémité et de la modération, l’œil de la planète sera sans aucun doute fixé sur ce scrutin français pour en comprendre les dynamiques et en décoder les résultats. La direction que prendront les événements en France et en Europe en dépendent lourdement .

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