Cela parait aujourd’hui inévitable. Un match retour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen est dans tous les esprits et dans les radars des instituts de sondage. Seule une surprise peut bousculer cette presque certitude, à la veille de ce scrutin présidentiel. L’abstention et l’indécision demeurent un déterminant majeur de la présidentielle française, qui plus que jamais restent la grande inconnue de cette présidentielle inédite.
Et pourtant ce scénario n’était pas aussi certain ni évident. Pendant de longs mois, les français avaient montré, par le biais des études d’opinion, leur aversions à ce que l’histoire puisse leur servir les mêmes plats. Pour certains, cela risquait d’avoir le goût rance d’un remake.
Au bout du compte, le match va être disputé, selon toute vraisemblance, entre le sortant Emmanuel Macron et l’éternelle challenger Marine Le Pen. Cette situation a des explications logiques et objectives.
Trois raisons essentielles ont permis ce match retour. La première a trait à la montée spectaculaire et la chute tout a aussi inattendue d’un nouvel astre de la politique française qu’Éric Zemmour. La brusque percée de cet homme des médias français avait donné l’impression qu’un tournant historique était possible, du même calibre que celui qui avait porté un inconnu devenu célèbre, Emmanuel Macron.
Entre temps, les excès de langage de Zemmour, ses ruptures, ses contradictions et ses conceptions pyromanes ont fini par le démagnétiser à tel point que ses chances de qualifications se sont évaporées, laissant sur son passage cette traînée de poudre de la parole xénophobe libérée.
La seconde raison tient à l’état catastrophique de la droite républicaine. A travers des primaires douloureuses, la droite avait réussi à enfanter la candidature de Valérie Pécresse avec ce fulgurant espoir qu’elle puisse entraîner dans son sillage la majorité des Français qui rêveraient de mettre fin au mandat de Macron. Or la chance du président de la république est que Valérie Pécresse, tant au niveau du style que des propositions, s’est montrée incapable d’être à la hauteur des enjeux. La vague de sarcasmes qui a envahi les réseaux sociaux sur sa manière d’appréhender cette élection a définitivement enterré ses chances de constituer cette alternative à Emmanuel Macron.
Le troisième facteur qui a remis à l’ordre du jour ce match retour inévitable tient à l’état de la gauche. Même si le chef de la France Insoumise semble au meilleur de sa forme, il n’atteint pas encore le niveau qui lui permet de rassembler l’ensemble du puzzle de la gauche, communistes, socialistes et écologiques, pour prétendre constituer un danger pour le couple Macron/ Le Pen.
Et dans l’hypothèse de ce duel , les reports de voix sont prévisibles. Qui au sein de la gauche ou de la droite serait tenté de donner sa voix à l’extrême-droite pour barrer le chemin à un second mandat à Macron ? Même Éric Zemmour, dont le rêve de réaliser cette fameuse union des droites, aura du mal à appeler à voter Marine Le Pen, tant son combat contre elle aura été politiquement sanglant .
Il faut rappeler aussi que cette certitude qu’à le président Macron de reconduire son bail à l’Élysée, il l’a doit aussi à Vladimir Poutine et à sa guerre contre l’Ukraine. En plus de permettre à Macron d’endosser le costume de chef de guerre, cette guerre a anesthésié une campagne électorale, déjà impacté par la crise sanitaire et l’absence de « l’habituelle confrontation des projets » entre les 12 candidats en lice.
Emmanuel Macron aura certes à gérer les conséquences du scandale des cabinets de conseils McKinsey à qui son administration aura remis des sommes colossales contre des services pour la plupart sans réelles portées. L’opposition à Macron a tenté de souffler sur les braises de ce scandale pour montrer son implication dans un jeu d’influence, mais cela paraît politiquement insuffisant pour obérer les chances de Macron pour une second mandat .
Il reste qu’un des enjeux majeurs aussi bien pour la droite républicaine que pour le parti d’Emmanuel Macron est celui de sauver les meubles lors des prochains législatives prévues en juin. La droite traditionnelle joue son existence politique et Emmanuel Macron joue sa confortable majorité. Avec ce risque que le vote sanction qui n’a pas pu avoir lieu lors des présidentielles puisse se déployer lors des législatives.