Le Centre de recherches sur la prévention des enfants-soldats à Dakhla, un engagement ferme du Maroc en faveur de la lutte contre ce phénomène
L’implication du Maroc dans les efforts visant à lutter contre du recrutement des enfants-soldats est motivée par l’adoption, en 2020, des Principes de Vancouver qui encadre la protection des enfants en temps de conflits et met un terme à leur exploitation par les groupes et milices armées dans le monde, a indiqué M. Filali dans un entretien accordé à la MAP.
Aujourd’hui, le Maroc est un pourvoyeur de paix à l’échelle régionale, continentale et internationale, à travers divers mécanismes et instruments, que ce soient en Afrique ou dans d’autres pays, a-t-il relevé, notant que le Royaume est actuellement classé parmi les 11 premiers pays contributeurs en casques bleus dans le monde et deuxième dans le monde arabe après l’Égypte.
M. Filali, qui également professeur aux Universités d’Ottawa et de Saint-Paul au Canada, a fait savoir que le choix a été porté sur Dakhla pour mettre en place ce Centre de recherches, partant du fait que cette ville connait un rayonnement national, continental et international.
« La perle du Sud est aujourd’hui un carrefour économique, diplomatique, touristique et culturel par excellence, et pourquoi pas ne deviendra pas un melting pot des recherches académiques favorisant l’échange scientifique aux niveaux continental et international », a-t-il poursuivi.
L’idée de créer un Centre de recherches sur la prévention des enfants soldats est née après une réflexion approfondie et une étude minutieuse des sujets traitant ce phénomène par les groupes de réflexion et les centres de recherche internationaux similaires, a-t-il avancé, faisant observer que les recherches sur le sujet souffrent d’un biais de sélection.
L’académicien a également noté que le Centre dispose de mécanismes et d’outils de haut niveau, des équipements développés et certains logiciels de programmation portant sur l’intelligence artificielle et gérés par des experts et des ingénieurs, le but étant de contrôler et d’assurer le suivi de l’endoctrinement et l’enrôlement des enfants par les milices armées en Afrique ou certains pays d’Amérique latine, entre autres.
Cette structure de recherche comprend aussi un espace dédié à l’accueil des chercheurs internationaux, d’étudiants en master et doctorat de par le monde et des personnes intéressées par la question des enfants-soldats dans le monde, dans l’optique de leur octroyer des bourses de recherches, a-t-il ajouté.
M. Filali a, dans ce sens, souligné que le Centre va se pencher de manière anticipative sur l’examen et le suivi du phénomène du recrutement des enfants-soldats dans le monde entier, en faisant appel à des cadres et académiciens issus de tous les continents qui seront dotés de mécanismes de contrôle et de suivi des diverses violations dans les zones de conflit à travers le monde.
Le but ultime, a-t-il noté, étant de fournir des données précises, qualitatives et quantitatives afin de formuler une action informée par la recherche académique, selon une approche basée sur l’exactitude, la crédibilité et le suivi.
Le Centre, qui considère le recrutement d’enfants un crime inhumain, ambitionne de déployer davantage d’efforts pour contrôler le recrutement d’enfants-soldats dans le monde sans exception aucune, a-t-il soutenu, faisant savoir qu’il a aussi pour objectif de diffuser des recherches complètes avec des arguments probants dans le but de contribuer aux efforts de plaidoyer au profit des juristes en droit international humanitaire.
Il ambitionne également de se positionner comme un porte-voix au sein des multiples fora internationaux et un mécanisme de plaidoyer international, d’autant plus qu’il œuvrera en coordination avec les agences des Nations Unies œuvrant à la promotion du respect des droits de l’enfant, des réfugiés (UNHCR) et celles chargées de lutter contre le terrorisme, a-t-il enchainé.
Evoquant les priorités du Centre, il a indiqué que cette structure de recherches à vocation internationale se focalisera également sur des recherches portant sur le continent africain, qui connaît un taux élevé de recrutement d’enfants dans les conflits armés, par des pays et des groupes armés qui exploitent les enfants à des fins militaires de manière systématique et dangereuse.
En menant des enquêtes sur les cas liés à ce fléau, M. Filali a noté « qu’il ne faut pas passer inaperçue sur le recrutement d’enfants dans les camps de Tindouf. En tant que chercheur et observateur de ce phénomène, il s’agit d’un déni des droits élémentaires des enfants embrigadés dans ces camps ».
« De même, le Centre concentre son action sur le suivi et contrôle du recrutement d’enfants dans les zones de conflits à travers le monde, en particulier les groupes armés dans les îles du Sud-Ouest des Philippines, de l’Indonésie et du Yémen, ainsi que les organisations qui adoptaient des idéologies meurtrières pendant la guerre froide dans certains pays d’Amérique latine », a-t-il fait savoir.
Pour ce qui des futurs projets du Centre, M. Filali a souligné que le Centre focalisera son action sur trois projets importants, dont le premier est « l’Appel de Dakhla » visant à lutter contre le recrutement d’enfants soldats dans le monde, à l’instar de « l’Appel de Genève », « Appel de Paris » et les « Principes de Vancouver », servant de plaidoyer dans les foras et forums internationaux en faveur de cette catégorie.
Le deuxième projet, quant à lui, sera mené au cours des trois prochaines années, a-t-il précisé, notant qu’il portera sur l’organisation d’un congrès international qui sera couronné par l’adoption d’un Pacte mondial ayant pour objectif de lutter contre le phénomène des enfants-soldats dans le monde.
Quant au troisième projet, il a pour but d’accompagner tous les projets et actions du Centre, à travers des recherches ciblées ayant un impact sur les politiques publiques et susceptibles d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la gravité de ce phénomène, a-t-il conclu.
A noter que le Centre de recherches sur la prévention des enfants-soldats avait été récemment inauguré par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, en présence notamment des responsables et des élus locaux, en plus de diplomates de plusieurs pays africains accrédités à Dakhla.