Birmanie: double spirale de violence ethnique en Etat Rakhine

A la crise des musulmans rohingyas se superpose, dans la même région de Birmanie, une autre rébellion locale, plongeant une région déjà fragilisée dans une double spirale de violences meurtrières.

"Les combats se déroulaient tout près. Notre école a même été touchée par des balles", raconte Kyaw Naing, réfugié depuis deux semaines à quelques kilomètres de son village de Alecheung, avec les autres habitants, dans une pagode bouddhiste près de Buthidaung, dans le nord de l’Etat Rakhine.

Avec quelque 260 autres membres de l’ethnie minoritaire Mro, il assiste impuissant aux deux conflits: armée contre rebelles arakanais et armée contre rebelles rohingyas.

L’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (ARSA) se fait discrète ces derniers temps, après des représailles de l’armée ayant conduit depuis 2017 plus de 720.000 Rohingyas à fuir au Bangladesh – et qualifiées de nettoyage ethnique par l’ONU.

Mais l’Armée d’Arakan (AA), qui lutte en faveur de plus d’autonomie pour la population bouddhiste (dite rakhine ou arakanaise) de ce territoire de l’ouest de la Birmanie, a pris le relais ces dernières semaines.

Et plus de 5.000 personnes ont dû quitter leurs villages en janvier pour fuir les combats, selon l’ONU.

"Nous sommes partis sans rien prendre avec nous", raconte Kyaw Naing, 24 ans, rencontré par l’AFP dans le cadre d’un voyage de presse organisé par les autorités birmanes, seul moyen d’accéder à cette zone soumise à une forte présence militaire.

Le jour des combats entre l’AA et l’armée près de son village, le 13 janvier, Zaw Win se souvient d’avoir "entendu des échanges de tirs et d’avoir sauté hors de son lit" en partant avec les seuls vêtements qu’il avait sur le dos.

"C’est la première fois que cela m’arrive", témoigne-t-il, partageant l’inquiétude reflétée par tous les habitants interrogés par l’AFP.

"Le conflit est entré dans une nouvelle phase dangereuse, dans laquelle les divisions ethniques sont clairement au premier plan", met en garde l’ONG internationale ICG un rapport publié jeudi.

Les combats les plus meurtriers jusqu’ici ont eu lieu le 4 janvier, quand treize policiers birmans ont été tués et neuf autres blessés dans des attaques de l’AA.

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