Dans un entretien accordé à la MAP, au terme de la 16ème édition du Festival de Fès de la Culture soufie et des spiritualités du monde, l’anthropologue et spécialiste du soufisme a indiqué que cette manifestation culturelle et spirituelle constitue une sorte de « laboratoire ou d’entreprise culturelle qui permet d’avoir une relation particulièrement créative et dynamique avec notre patrimoine ».
« Cela fait partie d’une stratégie royale axiale », a souligné M. Skali, expliquant que « la civilisation marocaine, tout en étant très ancrée dans son histoire, dans ses principes et dans ses fondements, reste en même temps ouverte à toutes les grandes pensées, les spiritualités, les cultures et les civilisations du monde. C’est ce qui fait sa richesse et sa force. »
« On peut toujours, d’un point de vue théorique, parler de rapprochement et des idées de convergence qui existent entre de grandes spiritualités et religions du monde, mais ce festival est une façon de mettre ce principe en application et de le vivre effectivement », a-t-il renchéri.
Pour ce spécialiste du soufisme, la medersa Bouanania, Dar Adiyel, Bab El Makina ou encore Jardin Jnan Sbil, sont autant de lieux magiques propices à une activité intellectuelle intense tout au long du festival, devenu pour certains une sorte de « pèlerinage annuel » à Fès.
En effet, a enchaîné M. Skali, les tables-rondes organisées tout au long du festival attirent des spécialistes de renom du monde entier qui viennent échanger sur les quêtes mystiques de Rumi, Ibn Arabi et autres grands soufis.
« Ce qui est intéressant, c’est d’amener cette grande richesse sur la place publique et de ne pas la laisser simplement dans les tours d’ivoire et les forteresse universitaires », a-t-il dit, faisant remarquer que ce festival permet à des érudits du mysticisme du monde entier de se mêler à de grandes confréries soufies qui, elles, vivent le soufisme au quotidien.
« C’est ce mix entre le côté intellectuel, la pratique spirituelle et l’aspect artistique qui forment l’âme de ce festival. C’est ce triptyque qui constitue l’âme du programme de ce festival chaque année », a soutenu M. Skali.
Évoquant la thématique retenue pour cette édition, à savoir la formule « Connais-toi toi-même », l’anthropologue a expliqué que cette injonction, inscrite au fronton du temple de Delphes, renvoie à une thématique universelle à la base de toute philosophie, notamment socratique.
« Mais nous retrouvons plusieurs expressions équivalentes dans plusieurs cultures, en l’occurrence dans l’Islam, avec le hadith du Prophète Sidna Mohammed: « celui qui connaît son âme connaît son Seigneur », a-t-il fait observer.
Et c’est bien cet aspect d’universalité qui a suscité « notre intérêt parce qu’il a toujours été frappant de voir que dans le soufisme (…) cette singularité rejoint toujours d’une manière ou d’une autre la pensée universelle », a-t-il relevé.
Placée sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, cette 16ème édition a été organisée du 20 au 27 avril courant par l’Association du Festival de Fès de la Culture Soufie avec au programme une série de concerts et des tables-rondes de haute volée.