Carles Puigdemont ou le rêve d’une Catalogne indépendante

L’ex-président catalan Carles Puigdemont, arrêté dimanche par la police allemande en vertu d’un mandat d’arrêt international émis par l’Espagne, a incarné pour ses défenseurs le rêve d’une République de Catalogne souveraine.

Encore méconnu il y a deux ans dans la région même, l’ancien journaliste de 55 ans est devenu mondialement célèbre en 2017 pour avoir mené une tentative de sécession.

Le Catalan à l’épaisse chevelure brune à la Beatles avait été porté à la présidence de sa région début 2016 en promettant de la mener aux portes de l’indépendance.

"Nous ne renoncerons pas", assurait-il encore début mars dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux depuis la Belgique, où il s’était exilé, en s’engageant à rendre "possible" cette "République catalane" symboliquement proclamée le 27 octobre 2017.

Carles Puigdemont est né le 29 décembre 1962 dans le village d’Amer, à une centaine de kilomètres de Barcelone, dans une famille de pâtissiers. Dans sa jeunesse, les indépendantistes convaincus – comme lui – étaient encore rares dans la région.

Il a longtemps combiné journalisme et militantisme, comme membre du parti nationaliste de centre-droit CDC.

Député au parlement catalan depuis 2006, il a aussi été maire de la ville de Gérone de 2011 à 2016.

Dans une biographie publiée par un de ses amis, Carles Porta, il est décrit comme un homme "honnête et résilient", "indépendantiste de toujours", têtu, avec un caractère de "coureur de fond".

Il avait cependant vacillé durant quelques heures le 26 octobre, quand il avait proposé à ses alliés de convoquer lui-même des élections régionales, afin d’éviter la reprise en main de sa région par Madrid, plutôt que de proclamer la République catalane indépendante.

"Les siens l’accusaient d’être un traître et lui ne voulait pas être le fossoyeur de la patrie", avait confié à l’AFP une source impliquée dans des tractations avec Madrid.

M. Puigdemont avait finalement renoncé à faire marche arrière, sans pouvoir pour autant concrétiser son rêve. Dès la proclamation de la République par les députés indépendantistes, il avait été destitué de son poste de président catalan, comme tout son gouvernement, et la région s’était retrouvée sous la tutelle de Madrid.

Deux jours plus tard, il s’échappait en secret vers la Belgique, pour porter le conflit politique catalan au coeur de l’Union européenne, bien que l’UE ait continué de manifester un soutien sans faille au chef du gouvernement conservateur espagnol, Mariano Rajoy.

"L’État espagnol a été défait", avait-il exulté le 21 décembre depuis Bruxelles. Les indépendantistes venaient de remporter – avec 47,5% des voix – les élections régionales convoquées par Madrid, quand le Parti populaire (PP) de M. Rajoy n’en rassemblait que 4,2%.

Le 1er mars, M. Puigdemont avait finalement renoncé à briguer la présidence de la région, sous la menace en cas de retour en Espagne d’une incarcération semblable à celle de son ancien vice-président, l’indépendantiste de gauche Oriol Junqueras. Ils sont accusés de "rébellion" et "détournement de fonds" publics pour avoir préparé la tentative de sécession.

N’envisageant aucune négociation, le Parti populaire (PP) de M. Rajoy n’avait cessé ces derniers mois de présenter l’ancien président catalan comme un irresponsable en fuite, "un zombie" et même "un cadavre politique".

Mais le ministre de l’Intérieur avait confessé, fin janvier, ne pas savoir "à quoi s’attendre" avec l’imprévisible Puigdemont, redoutant qu’il ne rentre incognito "en hélicoptère, ULM, bateau" voire "dans le coffre d’une voiture", pour se faire réinvestir président.

Au moment du retrait de sa candidature, M. Puigdemont était toujours reconnu par une partie des Catalans comme "leur" président légitime. Mais ses détracteurs lui reprochaient d’ignorer une bonne moitié de la Catalogne opposée à l’indépendance. (afp)

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