Réchauffement à grandes vitesse de l’axe Paris/Rabat
L’ambassadrice du Maroc en France Samira Sitaïl reçue par Macron début janvier
A l’aube de cette nouvelle année, pointe une lueur d’espoir d’un retour rapide à la normale des relations entre la France et le Maroc, voire un réchauffement à grande vitesse. La preuve la plus tangible est la décision du président Emmanuel Macron de recevoir début janvier la nouvelle ambassadrice du Maroc à Paris, Samira Sitaïl, pour lui remettre ses lettres de créances. Ce poste était vacant depuis de longs mois et incarnait la permanence d’une des crises les plus froides et les plus longues entre les deux pays.
Cette volonté française de hâter les événements n’est pas dénuée, du côté de Paris, d’arrières pensées. Il s’agirait de clore au plus vite une séquence de divergences entre deux pays traditionnellement amis, historiquement alliés et qu’une série de malentendus et de mauvaises compréhensions ont dû geler au point de courir le risque d’une vraie démagnétisation.
Aujourd’hui, la relation France-Maroc est sur le point de connaître un bond qualitatif d’une grande ampleur. Ces derniers temps, de nombres signaux ont été émis depuis Paris pour signifier cette volonté. La dernière visite au Maroc du ministre de l’agriculture français Marc Fresneau fait partie de ceux-là. L’ambassadeur français au Maroc Christophe Lecourtier ne s’était pas trompé sur le côté inédit de la visite. « Vous êtes le premier ministre du gouvernement français à effectuer une visite bilatérale au Maroc », avait dit l’ambassadeur au ministre comme pour souligner sans doute cet incontestable indicateur de réchauffement.
Il est vrai que cette visite officielle fut précédée par d’autres signaux politiques qui dégageaient une volonté de sortir de cet hiver franco-marocain. Parmi ces signaux, la rencontre à Marrakech entre le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avec le chef du gouvernement Aziz Akhannouch et la réception par le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, du directeur général de l’Agence française de développement, Rémy Rioux.
Depuis le début de cette crise entre le Maroc et la France qu’une certaine presse attribuait à des allégations françaises d’espionnage par le Maroc contre certaines personnalités françaises, accusations aussi juridiquement fantaisistes que politiquement malveillantes, un froid polaire s’est installé entre Paris et Rabat. D’autres l’expliquaient par le refus français de reconnaître ouvertement la souveraineté du Maroc sur son Sahara comme l’ont fait les Etats-Unis d’Amérique et de très nombreux autres pays, dont des pays européens.
Il est vrai que la diplomatie française avait fait publiquement des déclarations favorables au Maroc, comme pour tenter de sortir de cette zone grise dans laquelle, sous la pression du régime algérien, elle maintenait volontairement sa position. Deux ambassadeurs français se sont chargés récemment de cette mission. Nicolas de Rivière à l’ONU et Christophe Lecourtier à Rabat.
Signes des temps qui ne trompent pas sur cette embellie à venir, les informations selon lesquelles la France qui s’apprête à organiser les jeux Olympiques de Paris en juillet prochain a fait appel à l’expertise et au savoir-faire marocain dans le domaine sécuritaire. Le Maroc s’étant occupé en grande partie de la sécurité du Mondial du Football qui s’est tenu au Qatar en 2022.
C’est sans doute dans ce cadre qu’une rencontre au sommet a eu lieu le 12 décembre dernier entre Abdellatif Hammouchi, patron du pôle DGSN-DGST, et Frédéric Veaux, patron de la police nationale française, suivie le 15 du mois de celle de M. Hammouchi avec Nicolas Lerner, alors directeur général de la Sécurité intérieure française (DGSI). Dès son retour à Paris Nicolas Lerner fut nommé par le président Emmanuel Macron à la tête de direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), en remplacement de Bernard Emié, sur le départ depuis de longs mois.
Le facteur sécurité est un élément crucial dans la plaidoirie de ceux qui défendent un retour immédiat à la normale des relations entre Paris et Rabat. Le Maroc est notoirement connu par sa grande expertise dans le renseignement et la renommée de son efficacité dans la lutte contre les organisations terroristes.
Ce combat qui force l’admiration internationale est aujourd’hui porté par le duo Abdelatif Hammouchi en interne et Mohamed Yassine Mansouri, patron de la Direction générale des études et de la documentation (DGED) à l’international. Ce dernier est régulièrement félicité par des pays étrangers pour l’efficacité de ses services dans la lutte contre l’hydre terroriste. Récemment, il a été décoré par « L’Etoile de Roumanie », la plus haute distinction décernée par le président Klaus Werner Johannis, en reconnaissance aux services de sécurité marocains pour leur contribution régionale et internationale à maintenir la stabilité.