Pourquoi Macron bloque sur la Sahara marocain ?

Au cours de sa récente tournée africaine, le président français Emmanuel Macron lance une petite phrase qui a été perçue comme une réponse au Maroc qui exige que la France abandonne la zone de grise qui consiste à ne pas reconnaître ouvertement la souveraineté du Maroc sur son Sahara. « On semble encore aussi attendre d’elle ( La France ) des positionnements qu’elle refuse à prendre et je l’assume totalement », avait-déclaré au Gabon.

Cette sortie d’Emmanuel Macron intervient après un spectaculaire clash intervenu dans la relation entre Rabat et Paris. Interrogé sur l’état de ses relations avec le Maroc marqué par un froid polaire depuis de longs mois, le président français avait dit : « ma volonté est vraiment d’avancer avec le Maroc. Sa majesté le Roi le sait. Nous avons eu plusieurs discussions. Les relations personnelles sont amicales et elles le demeureront ».  La réponse de Rabat est venue tranchante : les relations ne sont ni bonnes ni amicales, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée.

Pour de nombreux observateurs, la diplomatie française manque de pertinence à l’égard de Rabat quand ses porte- paroles insistent sur le  côté incontestablement précieux et stratégique de la relation avec le Maroc et s’interdisent en même temps de prendre la seule  décision qui pourrait sceller dans le marbre la stabilité et la prospérité de l’ensemble de la région. Cette décision étant la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara.

Une décision prise par de nombreux grandes puissances comme les Etats-Unies d’Amérique, l’Espagne ou l’Allemagne et qui paraît, pour des raisons obscures impossible à s’assumer ouvertement par la diplomatie française.

Emmanuel Macron a récemment essayé de crever l’abcès en niant toute implication du gouvernement français dans la campagne du dénigrement européen contre le Maroc, mais ses déclarations et ses prises de position ont sonné aux oreilles des autorités marocaines comme faisant partie de la méthode Coué, loin de la réalité des tensions entre Paris et Rabat. D’autant qu’à l’égard du Sahara, il refuse obstinément d’opérer le moindre changement.

Il faut dire qu’à l’exception de la visite de la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna au cours de laquelle elle avait rappelé la position classique de Paris sur le Sahara, soutien à l’option de l’autonomie comme une des solutions de la sortie de cette crise régionale, Emmanuel Macron n’a jamais évoqué cette question dans ses interventions publiques. On en lui connaît de très rares commentaires publics sur les nouvelles équations politiques issues de la reconnaissance de Washington de la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

Sans doute la réponse d’Emmanuel Macron à ces nouvelles donnes sont à trouver dans l’ampleur politique et militaire donné à un tropisme algérien exagérément mise en scène. Comme dans un jeu de balancier diplomatique, plus le froid est glacial avec Rabat, plus la chaleur est perceptible avec Alger.

En bloquant sur le Sahara de cette manière, Emmanuel Macron semble nager à contre-courant d’une grande dynamique internationale et européenne. Les pays européens dont la dernière illustration fut donnée par l’Autriche sont en train d’adopter une stratégie de soutien à l’égard du Maroc, accentuant la distance entre Paris et Rabat et faisant apparaître la France comme le seul îlot de résistance à cette dynamique pro-marocaine.

Ironie de l’histoire, plus le Maroc engrange des soutiens diplomatiques à sa cause, plus cela fait apparaître la vision d’Emmanuel Macron comme en total décalage avec le cours normal des événements. Pire ces nouvelles évolutions jettent une lumière crue sur les véritables raisons qui empêchent Paris de sauter le pas de la reconnaissance. Et cela participe à créer de plus de tension et du froid dans la relation entre les deux pays.

Les vrais raisons qui empêchent Emmanuel Macron de crever ce qui est devenu un  abcès franco-marocain sont à trouver dans un mélange de facteurs qui associent à la fois la promesse faite au régime algérien de ne pas prendre la direction de là reconnaissance de souveraineté du Maroc sur son Sahara, de crainte de perdre les canaux de communications avec Alger, la déception française de voir les nouvelles alliances régionales et internationales du Maroc prendre une direction qui donne cette impression de ne pas aller dans le sens des intérêts français, tout comme la puissante dynamique diplomatique, politique et économique du Maroc en Afrique, traditionnellement qualifiée par la France comme sa zone d’influence.

Autant d’éléments qui compliquent et rendent difficile une vieille belle entente entre la France et Le Maroc et qui rendent compliquée l’organisation d’une visite d’Etat d’Emmanuel Macron au Maroc, dont le report  à plusieurs reprises est devenu le baromètre de la mauvaise santé des relations entre Rabat et Paris.

 

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