Pandémie : « Le Monde » raconte le calvaire des Algériens bloqués en France depuis bientôt un an

Depuis que l’Algérie a fermé ses frontières en mars dernier pour se prémunir de la pandémie du Covid-19, nombreux sont ses ressortissants restés bloqués à l’étranger, notamment en France. Une situation qui a poussé le journal « Le Monde » à s’y intéresser lui consacrant un reportage publié vendredi.

« Combien d’Algériens sont-ils coincés en France sans pouvoir rejoindre l’autre rive de la Méditerranée ? Quelques centaines ? Des milliers ? Difficile à dire, d’autant que les autorités communiquent très peu sur ce sujet. Si ce n’est en août 2020, lorsque l’ambassade d’Algérie à Paris disait avoir rapatrié quelque 6.170 ressortissants », écrit le journal français dans ce reportage sous le titre « France-Algérie : le retour chaotique des Algériens au pays ».

Alors que l’Algérie garde toujours ses frontières fermées et que les vols commerciaux n’ont toujours pas repris, contrairement à ce qui se passe avec ses voisins, seules 18.000 personnes ont pu se rendre en Algérie depuis la France, en décembre 2020, relève le journal qui se base sur des statistiques de la Direction générale de l’aviation civile. A titre de comparaison, 212.000 passagers se sont envolés vers la Tunisie à la même période, note le journal.

Une situation imputable à la complexité de la procédure de rapatriement, comme le dénoncent nombre d’associations de la communauté algérienne en France. Des parlementaires algériens ont eux aussi épinglé les dysfonctionnements de la procédure de rapatriement et la lenteur des prises en charge, affirme le journal.

Sur les réseaux sociaux, les témoignages de ressortissants se succèdent et font état d’une « opération » qui s’est longtemps déroulée dans la pagaille, relève le journal, qui revient en détail sur le caractère trop compliqué de la procédure de rapatriement.

Selon Le Monde, le rapatriement ne concerne pas seulement ceux qui sont bloqués en France, mais tous les citoyens algériens désirant retourner au pays. Pour cela, il faut d’abord s’inscrire auprès de l’ambassade ou d’un consulat et justifier d’un motif valable : un décès, un parent dont le pronostic vital est engagé, un problème judiciaire…. Puis le ministère de l’intérieur valide l’inscription et l’envoie à Air Algérie, seule compagnie habilitée à transporter des ressortissants algériens. Le site rapt.airalgerie.dz permet de vérifier qu’elle a été approuvée. La compagnie est ensuite censée rappeler puis communiquer un lien pour acheter le billet qui s’élève à 380 euros.

Mais le problème, souligne le journal français, est qu’un certain nombre de personnes n’ont jamais été contactées par la compagnie aérienne. « Une partie s’est rendue à Orly, unique point de départ en France pour les Algériens, pensant pouvoir acheter le billet directement au comptoir. Une situation qui a donné lieu à des scènes chaotiques (…), alors que seuls les passagers munis d’un billet pouvaient entrer dans le terminal », déplore le journal.

Dans son reportage, Le Monde raconte le calvaire que vivent nombre d’Algériens bloqués en France depuis bientôt un an. C’est le cas de Malika, qui s’est retrouvée à la rue, seule et sans argent. « C’est comme si on m’avait abandonnée », confie avec tristesse cette Algérienne qui affirme que jamais elle n’aurait cru vivre une telle épreuve.

Aujourd’hui, devenue une sans-papiers malgré elle, Malika vivote grâce à l’aide d’anonymes qui ont fait une cagnotte pour lui louer une chambre dans un pavillon situé en Seine-Saint-Denis, dans la banlieue parisienne.

D’autres Algériens ont fait part eux aussi de l’humiliation et de la honte qu’ils ressentent d’être abandonnés par leur propre pays. Quand d’autres, plus chanceux car détenteurs d’un passeport français, ont choisi de contourner le problème en passant illégalement la frontière algérienne depuis la Tunisie.

C’est le cas de Houari qui s’est envolé pour Tunis début janvier. Ce quinquagénaire de la région parisienne s’est pourtant inscrit plusieurs fois auprès de l’ambassade, sans jamais recevoir de réponse. Il raconte au journal français qu’il a décidé avec cinq de ses amis de payer des passeurs pour pouvoir gagner son propre pays via la Tunisie. Une situation ubuesque!

Pendant ce temps, la diaspora algérienne continue d’implorer les autorités algériennes de déverrouiller les frontières. Une décision qui demeure suspendue à l’évolution de la situation sanitaire dans le pays, conclut Le Monde.

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