Les Algériens se recueillent sur les restes de combattants anti-coloniaux
En famille ou seuls, jeunes ou vieux, les Algériens se sont recueillis samedi à Alger devant les cercueils des restes de 24 combattants tués au début de la colonisation française et remis par la France.
Recouverts du drapeau national, les 24 cercueils, dans lesquels se trouvent les restes mortuaires – des crânes -, arrivés la veille à bord d’un avion militaire, sont entreposés sur des tréteaux dans le hall du Palais de la culture à Alger qui abrite également le ministère de la Culture.
Le ministère des Moujahidine (Anciens combattants) avait appelé la veille la population à venir se recueillir devant les restes — tout en respectant la distanciation physique, pandémie oblige.
« C’est un jour historique », a déclaré un trentenaire à la télévision après s’être recueilli devant les cercueils.
Les crânes de ces combattants de la révolte populaire étaient conservés depuis le XIXe siècle dans les collections du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Vendredi, ils ont été accueillis solennellement par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et le chef d’état-major, Saïd Chengriha, à l’aéroport d’Alger.
Accompagnés par un cortège de motards, les cercueils des 24 « chouhada » (martyrs) ont été ensuite acheminé au Palais de la Culture, où ils resteront exposés pendant toute la journée de samedi.
Les crânes seront enterrés dimanche, jour anniversaire de l’Indépendance, dans le « carré des Martyrs » au cimetière d’El Alia à Alger, où sont inhumés les grandes figures de la guerre d’indépendance.
Leur restitution est un geste d’apaisement dans les relations bilatérales volatiles depuis 1962.
« Ce geste s’inscrit dans une démarche d’amitié et de lucidité sur toutes les blessures de notre histoire », a commenté vendredi l’Elysée.
Colonisée pendant 132 ans (1830-1962), l’Algérie avait annoncé vendredi par la voix de M. Tebboune le retour « des dépouilles de 24 chefs de la Résistance populaire », des « héros qui ont affronté l’occupation française brutale, entre 1838 et 1865, et que l’ennemi sauvage a décapités en représailles avant de transférer leurs crânes outre-mer ».
Ce n’est qu’en janvier 2018 que l’Algérie avait demandé officiellement à la France la remise des crânes — plusieurs dizaines — et des archives coloniales.