Le conseiller, Toussaint Alain, a accusé la France d’avoir joué un rôle actif dans le transfert vers La Haye de Laurent Gbagbo et d’avoir instrumentalisé la CPI pour des raisons politiques.
"C’est une parodie de justice", a dit Toussaint Alain à Reuters. "Il (Laurent Gbagbo) a tenu tête au gouvernement français, il a fini par être un os dans la gorge de M. Chirac et de M. Sarkozy, il fallait l’expulser de Côte d’Ivoire, c’est tout.".
De sa résidence de Korhogo, dans le nord de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo a été conduit vers Abidjan – à bord d’un appareil militaire français, selon Toussaint Alain – avant de s’envoler pour les Pays-Bas, où il a été transféré mercredi au centre de détention de la CPI à la Haye.
Le conseiller de Laurent Gbagbo a dénoncé une "parodie de justice" orchestrée, selon lui, par la France, ancienne puissance coloniale de la Côte d’Ivoire.
"Le président Gbagbo est le prisonnier de la France", a dit Toussaint Alain. "C’est le gouvernement français, ce sont les autorités françaises qui ont été à la man?uvre depuis des années pour empêcher que le président Gbagbo gouverne. Nous savons aujourd’hui que la rébellion était en réalité soutenue par les autorités françaises.
"Comme pour faire la leçon au président Gbagbo, qui a refusé de se coucher devant le président Sarkozy, qui lui avait demandé de quitter le pouvoir, on l’amène à la CPI pour lui faire la leçon et envoyer également un signal aux autres dirigeants africains qui seraient également tentés par quelque velléité d’autonomie."
Selon le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, le conflit de l’hiver et du printemps dernier a fait au moins 3.000 morts auxquels s’ajoutent 520 arrestations arbitraires. La guerre a pris fin avec la capture de Laurent Gbabgo le 11 avril et son placement en résidence surveillée à Korhogo.
Le conseiller de Laurent Gbagbo a remis en cause l’indépendance de la CPI en affirmant que la France avait joué un rôle majeur dans les événements des derniers jours.
Au total, plusieurs dizaines de personnalités du régime déchu, civils et militaires, sont détenues pour crimes de sang, atteinte à l’autorité de l’Etat ou crimes économiques. Mais la majorité d’entre eux ont en fait pris la fuite. C’est le cas de Charles Blé Goudé, chef des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, en cavale en Afrique de l’Ouest et contre lequel un mandat d’arrêt international a été délivré.
Mais le procureur de la CPI ne s’arrêtera pas au camp Gbagbo. "L’enquête suit son cours. Nous continuerons de recueillir des éléments de preuve en toute impartialité et en toute indépendance", explique Luis Moreno-Ocampo, n’excluant pas de juger aussi des responsables du camp d’Alassane Ouattara, puisque selon lui "il apparaît que des crimes ont été commis dans les deux camps". Selon l’Onuci, au moins 1.000 personnes avaient été tuées dans l’ouest du pays en mars 2011, pendant l’offensive des Forces républicaines (FRCI) d’Alassane Ouattara autour de Duékoué.